Pur produit des films populaires des années 70 avec Claude Zidi derrière la caméra et Bébel en vedette qui souhaitait alterner comédies et polars, « L’Animal » est, en toute objectivité, plutôt un mauvais film. Tout est prétexte à attirer le chaland avec une affiche alléchante additionnant les noms prestigieux : Bébel et Zidi donc, Michel Audiard aux dialogues, Vladimir Cosma, la ravissante Raquel Welch, une pléiade de seconds rôles savoureux, une promesse de gags irrésistibles et une enfilade de cascades renversantes. Le résultat n’est clairement pas à la hauteur avec un scénario très paresseux, des dialogues plutôt faibles, des gags quasi inexistants, de nombreuses scènes de transition poussives et quelques séquences peu convaincantes. Au regard des noms sur l’affiche, l’ensemble est décevant. Certains personnages (acteurs) sont sous-exploités et plusieurs situations laissées en plan mettant ainsi en évidence un scénario franchement bancal.
En dépit de ses très nombreux défauts, le film se révèle cependant sympathique. Sa légèreté, sa distribution, son je-m’en-foutisme évident constituent des éléments qui en font un film sans prétention tout à fait divertissant. Bébel, dans un double-rôle est drôle même s’il en fait des tonnes, ses cascades sont impressionnantes, la mise en abyme du cinéma est intéressante, Raquel Welch est sublime, les seconds rôles parfaits (Aldo, Julien Guiomar), l’ensemble ne manque pas d’auto-parodie à tous les étages (de la production aux acteurs), la musique de Vladimir Cosma est formidablement entraînante. En bref, s’il n’atteint pas les sommets qu’on était en droit d’attendre, le capital sympathie du résultat est réel.
Il est le témoignage d’un cinéma populaire français qui n’existe plus et qui, même s’il n’était pas toujours transcendant, assurait un vrai moment de divertissement. La qualité de la distribution ou la folie de quelques scènes apportaient toujours un capital sympathie à ces productions même quand, comme ici, elles n’étaient objectivement pas franchement une réussite.