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chrischambers86
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3,5
Publiée le 12 septembre 2018
C'est sans doute le meilleur film du « Fou chantant » . Charles Trenet chanta toutes ses chansons dans plusieurs films, sans grande qualitè, à l'exception de ce "Adieu Lèonard", une bien jolie fantaisie tournèe en pleine Occupation, sur un scènario astucieux de Jacques et Pierre Prèvert qui rappelle dans ses plus beaux moments le film mythique de Marcel Carnè, "Drôle de drame". Chanteur et poète, Trenet a peu marquè le 7ème art en ne tournant que dix longs mètrages! On peut sauver toutefois cette comèdie où il joue aux côtès des excellents Julien Carette (Lèonard, c'est lui) et Pierre Brasseur! Jacqueline Pagnol, Denise Grey, Delmont et Deniaud complètent un casting sans faute où le cinèphile averti reconnaîtra une Simone Signoret à ses dèbuts! C'est souvent drôle (la noyade, les champignons empoisonnès...) et nostalgique avec ses petits mètiers d'autrefois (èpicier, cordonnier...). On reconnait ici la patte de Jacques Prèvert qui a su donner à l'histoire les qualitès d'une fantaisie attachante qui la rend encore aujourd'hui visible...
D'un coté Carette et Brasseur assurent le gros du spectacle comique de l'autre Trenet à la tête d'un groupe hétéroclite de figurants illustres joue la poésie de Prévert à base d' anarchie douce. C'est gentil.
Deuxième long-métrage de Pierre Prévert, frère du fameux Jacques, «Adieu Léonard !» (France, 1943) emprunte, pour satisfaire son bel histrionisme, deux voies que les sens politiques dissocient. Voguant entre le petit académisme conservateur qui parcourt le cinéma français sous l’Occupation et le communisme qui habite le groupe Octobre (dont une majorité des membres apparaît à l’écran), le film de Prévert se partage entre un ton convenu, nécessaire pour rehausser l’échec commercial du premier film de P. Prévert, et une allégresse de la vie communautaire. Le paradoxe se trame sur fond d’une intrigue aux accents policiers. Félicien Léonard, un mari trompé, fauché et père de deux enfants, est sommé par un bourgeois de tuer un jeune idéaliste riche et naïf après s’être fait prendre en flagrant délit de vol chez lui. L’excentricité de Carette et le cabotinage non moins outrancier de Pierre Brasseur se confrontent à l’innocence ingénue du personnage de Charles Trenet. Dans ce registre peu original du film français qui ne se départage par aucun style, seuls quelques élans communautaires qui évoquent les grouillements comiques du cinéma burlesque procurent une vitalité qu’il cherche en vain chez les acteurs. La scène finale, où tout un village se rue dans une villa pour venir chercher des outils d’artifice donne droit à un instant de chaos et de foule brisant la monotonie que borde parfois le film. Fuyant parfois cette simplicité du cinéma, Prévert y revient toujours, souvent à cause de sa distribution. Sans elle, Prévert rejoint la bonhomie de Pagnol et sa joyeuse élaboration. Mieux même que Pagnol, Prévert trouve parfois la vastité d’un cinéma du réel où s’étend l’horizon dégagés des paysages. Cet effort, rappelant le cinéma de Renoir pour ouvrir les champs du théâtre à la profonde profusion qu’offre le cinéma, est réduit par un scénario, pourtant signé Jacques Prévert, nourri du théâtre de vaudeville de Labiche.