Adaptation sur grand écran de la série d’Arte « Silex and the City », elle-même adaptation des BD de Jul, ce film d’animation de 1h30 est en réalité une sorte de grand épisode, pour les fans de la série. Clairement il ne faut pas en attendre autre chose car dans la technique comme dans l’humour, sur la forme comme sur le fond, nous sommes en terrain connu.
On peut néanmoins souligner que le passage en 2024, qui se déroule dans une grande enseigne d’ameublement et décoration suédoise (enseigne bleue et jaune) nommée « Kamelota », a été tourné en prise de vue réelle. Deux comédiens, les plus ressemblants possibles (ça marche pour Blog, un peu moins pour Web) ont été choisis pour évoluer dans les rayons. Ce passage, un peu long, super étrange, était assez inattendu je le reconnais. Je m’attendais à un voyage temporel en animation, me voilà prise à contre pied.
Mais c’est le bien le seul moment où j’ai été surprise car pour le reste, c’est exactement comme dans la série ou les BD : si on est client ça fonctionne. C’est quand même mieux de connaitre l’esprit de la série et/ou des BD pour ne pas être désemparé devant cette histoire totalement farfelue. Cette clef coudée ramenée par accident va semer le chaos :
invention de l’écriture certes, mais surtout des monothéismes, de l’intégrisme, du nationalisme, du marchandising, du consumérisme le plus débile, et du capitalisme le plus incontrôlable.
On reconnait là l’humour de la série, qui à base d’anachronismes et de jeux de mots (1 toutes les 10 secondes environ !) cherche à dénoncer toutes les turpitudes modernes. Le film est très dialogué, au point parfois d’en devenir presque bavard. Si les comédiens de la série offrent toujours leur voix à la famille Dotcom et leur entourage proche (Clément Sibony, Frédéric Pierrot, Franck Ekinci, Noémie de Lattre, Camille Serceau ou encore Fabien Limousin), pour les personnages additionnels du film les deux réalisateurs Jul et Jean-Paul Guigue ont sorti le carnet d’adresse. Au casting voix de ce film sans prétention, on retrouve quand même Léa Salamé, Augustin Trapenard, Amélie Nothomb, Frédéric Beigbeder, Stéphane Bern, Sophia Aram, Alex Vizorek, Bruno Solo, Léa Drucker et même…
un ancien Président de la République et son épouse
! Faire passer sur grand écran une mini série animée était un challenge, le présenter à Cannes en sélection officielle c’était encore plus risqué. Quelle impression garde-t-on du film ? Si on est client de la série ou des BD on va y trouver notre compte pendant 90 minutes. On s’amusera à reconnaitre les voix des acteurs, on trouvera que décidément on peut faire beaucoup de choses étranges avec une clef coudée, on cherchera les clins d’œil cinématographiques (pêle-mêle « le Seigneur des Anneaux, « Mission Impossible », « Spiderman », etc…), on rigolera de bon cœur devant les innombrables jeux de mots mi-ingénieux, mi-pourris de la série. Mais on ne gardera pas de ce film un souvenir plus vif qu’un épisode, certes plus long que d’habitude. « Silex and the City », quel que soit le format, c’est un plaisir fugace mais pas tellement plus.
Puisque à part les deux scènes tournées en images réelles (une au début, une à la fin, encore plus bizarre),
le film reste dans le couloir bien balisé de la série. « Silex and the City - Le film » est à réserver aux connaisseurs et aux clients de cet humour potache, irrévérencieux et plus « bon enfant » que réellement subversif.