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    Bonnard, Pierre et Marthe
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Bonnard, Pierre et Marthe" et de son tournage !

    Naissance du projet

    Après Séraphine (2008), Martin Provost a été approché par Pierrette Vernon, la petite nièce de Marthe Bonnard. Elle voulait convaincre le cinéaste de faire un film sur sa grand-tante dont elle sentait qu’on ne mesurait pas assez le rôle fondamental qu’elle avait tenu dans l’œuvre de son mari, Pierre Bonnard : "Marthe en était devenue l’emblème et le fétiche, les représentations de Marthe occupant presque un tiers de son œuvre. Mais elle demeurait aux yeux du grand public une femme trouble et manipulatrice, alors qu’à ceux de Pierrette, Marthe était une femme qui s’était sacrifiée pour que Pierre accomplisse son œuvre. Elle m'apprit aussi que Marthe avait été peintre et elle me montra un de ses tableaux. Je fus frappé par la parenté avec Séraphine. Il s'agissait d'un petit bouquet dans un vase. Un vrai primitif moderne."

    "A l'époque, je n’avais aucune envie de refaire un film sur la peinture. Mais j’en ai parlé à Françoise Cloarec, organisé une rencontre avec Pierrette, et un livre est né, L’Indolente. Et puis, les années sont passées, j’ai fait d’autres films, j'ai oublié Marthe. Mais pendant le confinement, alors que j’étais enfermé chez moi à la campagne – il se trouve que j'habite tout près de la célèbre Roulotte, dans ces mêmes paysages magnifiés par le regard de Bonnard, où j’ai pris racine – et que la nature ce printemps-là était si vibrante de la non-intervention des hommes, l’idée de faire un film sur les Bonnard est revenue me trotter dans la tête. Alors que je feuilletais un ouvrage sur les Nabis et que défilaient sous mes yeux certaines des toiles de Bonnard, mon regard s'arrêta sur le célèbre 'déjeuner'", se rappelle Martin Provost. Il ajoute :

    "Alors que je feuilletais un ouvrage sur les Nabis et que défilaient sous mes yeux certaines des toiles de Bonnard, mon regard s'arrêta sur le célèbre “déjeuner“. Soudain me revint en mémoire qu'enfant, ma mère m'en avait rapporté, d'une exposition qu'elle était allée voir à Paris, une affiche – affiche que j'avais punaisée sur le mur de ma chambre de façon à pouvoir la regarder quand je m'endormais le soir. J’étais trop jeune pour le comprendre mais quelque chose dans cette image, dans la sensualité, l’étrangeté qui s’en dégageaient, me fascinait. C’était comme une fenêtre qui s’ouvrait sur un autre monde."

    Financement difficile

    Bonnard, Pierre et Marthe est un projet qui a été compliqué à mettre en œuvre, à tous points de vue. Toutefois, Martin Provost pense que ces difficultés ont servi le film : "Tout a bougé, en permanence. J’ai perdu tous mes chefs de postes ou presque, j'ai dû couper 15 pages du scénario en pleine préparation, il a fallu se réinventer tout le temps, aller à l'essentiel. Je crois que cela a contribué à la dimension quasi organique du film, à échapper à la reconstitution historique dans ce qu'elle peut avoir de pesant."

    Travail d'écriture

    Martin Provost a pris beaucoup de libertés par rapport au parcours de Pierre et de Marthe, mais tout en respectant une certaine chronologie des événements et la réalité historique : "C'est impossible d’être entièrement fidèle à des événements qui ont été rapportés par d’autres, mais quand je suis dans mes recherches et que je prends mes notes, je laisse toujours libre cours à mon imagination en faisant tout de suite parler mes personnages. C'est par les dialogues que je cerne le mieux mes idées."

    "Le déjeuner avec Misia et son nouveau mari Alfred, les Monet et Vuillard, je l'ai inventé bien entendu, mais tout ce qui y est dit est vrai. Les Monet et les Bonnard aimaient se rendre les uns chez les autres en bateau. Alice aimait bien faire la cuisine. C'était une femme gaie, ce qui se voit sur certaines photos. Misia était une mondaine, elle connaissait tout Paris. C'est dans sa confrontation avec Marthe que j'arrive à exprimer qu'on ne peut pas cantonner celle-ci à un rôle strictement de muse ou d’égérie."

    "Comme il aurait été trompeur et tout aussi réducteur de la réduire à celui de la victime impuissante, dévorée par un génie prédateur, venant en cela rejoindre la longue liste des compagnes d’artistes célèbres, objectivées par un regard masculin dans des sociétés encore foncièrement patriarcales. Un jour, je suis tombé par hasard sur une photo du Salon des Indépendants et j’ai été frappé de voir que dans l'assistance il n'y avait presque pas de femmes", raconte le cinéaste, en poursuivant :

    "J'ai construit toute la séquence en gardant cette idée en tête. Une photo de Marthe nue dans le jardin par Bonnard, et c'est la séance de photos dans la Seine. L'histoire d'amour avec Renée a duré plus longtemps que ce qu’en dit le film : je l’ai resserrée en quelques séquences, à Rome. Quand j'écris le scénario, et même pendant le tournage, il me semble que toutes ces personnes qui ont existé sont là, qu'elles murmurent à mon oreille... C’est presque un travail médiumnique."

    Côté casting

    Martin Provost voulait travailler depuis longtemps avec Vincent Macaigne. Bonnard, Pierre et Marthe a donc constitué l'occasion idéale, même si le comédien ne ressemble pas du tout au peintre ! Il se souvient : "J’ai commencé par le mettre au régime. Et il a joué le jeu et la transformation s'est faite jour après jour : je l'ai vu se métamorphoser, devenir Pierre jusqu'à la vieillesse qu'il incarne de façon magistrale."

    "Avec Cécile, la rencontre a été déterminante. Au départ, j’imaginais une actrice plus jeune, une actrice que j'allais vieillir au fur et à mesure du film. Brigitte Moidon, qui a fait le casting, m’a fait rencontrer Cécile. Dès que je l'ai vue, je me suis dit « c'est elle ». Elle n'était pas sûre de pouvoir faire le film, et même peut-être de vouloir le faire, et j'ai attendu plusieurs jours sa réponse avec beaucoup d'angoisse."

    "Et puis le téléphone a sonné et elle m'a dit ces mots que je n'oublierai jamais : « je ne peux pas dire non à l'homme qui a fait Séraphine ». Ce qu'elle a atteint dans le film. Indéniablement."

    "Stacy a l'air si fragile, et en même temps si incandescente. Dès que je l'ai rencontrée, j'ai pensé, quel homme ne tomberait pas amoureux de sa beauté, du fantasme qu'elle peut incarner, de ce quelque chose de presque impalpable qui donne le sentiment qu’elle va s’évanouir entre vos bras ? Stacy a quelque chose en elle qui brûle, quelque chose de très entier, de noble et de pur. Elle était parfaite pour Renée."

    "Avec Anouk, je suis un peu chez moi, c'est ma famille... On a le théâtre en commun, on rit des mêmes choses, on vibre d'une vérité commune, du goût de la poésie, des mots. C'est une actrice puissante, drôle et tragique à la fois, un cadeau pour Misia, la fameuse reine de Paris, dans laquelle il fallait mordre un peu pour montrer que sous les diamants, se cachait une virtuose sacrifiée."

    Une image vibrante

    Martin Provost et le directeur de la photographie Guillaume Schiffman ont cherché à éviter la "belle image" propre aux films d'époque, toujours un peu sépia, marron et figée. "Nous voulions quelque chose de vibrant, de vivant, de charnel. Il fallait faire éclater les couleurs des tableaux, rendre compte de leur matière. Guillaume est un magicien. D'ailleurs, son père était peintre. Ses pinceaux, c'est la lumière", précise le réalisateur.

    Travail préparatoire

    En amont du tournage, Martin Provost a demandé à Cécile de France de revoir My Fair Lady de George Cukor, pour le trajet social du personnage d'Audrey Hepburn. La comédienne s'est aussi initiée au pastel pour pouvoir découvrir Marthe dans une sorte d’état modifié de conscience quand elle peint : "J’ai aussi beaucoup lu car il existe énormément de témoignages de tous ceux qui ont côtoyé Marthe Bonnard. C’était fascinant et très accessible. Il y a deux citations que j’ai trouvées particulièrement éclairantes : Annette Vaillant, nièce de Thadée Natanson, mécène très important à l’époque, disait d’elle qu’elle avait « les yeux acides d’une fixité végétale » et Thadée Natanson « qu’elle avait d’un oiseau l’air effarouché, le goût de l’eau, de se baigner et la démarche sans poids qui vient des ailes »."

    "La première partie de la phrase – « l’air effarouché, le goût de l’eau et de se baigner » - m’a beaucoup marquée. Martin avait une vision très claire de ce qu’il voulait raconter et j’ai adoré être dirigée par lui. C’est un réalisateur totalement passionné, investi, enthousiaste, très heureux de raconter cette histoire et il m’a dirigée avec beaucoup d’amour."

    Lieux de tournage

    Le tournage s'est déroulé au Domaine d'Orvès à La Valette-du-Var et dans la ville de Toulon et ses environs.

    Une première pour Vincent Macaigne

    Pour camper Pierre Bonnard, Vincent Macaigne s'est beaucoup documenté, mais le plus difficile pour l'acteur a été de jouer le personnage sur toute une vie, ce qu'il n'avait jamais fait. Il explique : "Il fallait que Pierre ait l’air en forme dans sa jeunesse et que, vers la fin de sa vie, il ait un côté anguleux et qu’il soit très tenu. J’ai donc dû perdre du poids et me remettre au sport ! C’était d’autant plus important que le maquillage de vieillissement grossit. Ensuite, je me suis entrainé à reproduire du mieux possible les toiles de Bonnard, sa manière de dessiner et sa concentration, pour que je trouve ma propre technique. Ma mère est elle-même peintre et c’est donc un univers que je connais, mais il m’a fallu tenter de m’approprier, modestement, le geste de Bonnard. Il s’agissait de trouver sa dextérité, sa concentration."

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