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AMCHI
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5,0
Publiée le 5 décembre 2009
Une mise en scène sombre et lourde mais remarquable, l'histoire est passionnante. Ce fait-divers sanglant nous est présenté de manière appropriée ; ça ne tombe jamais dans le sensationnalisme ni le sentimentalisme, que ce soit la réalisation ou l'interprétation De Sang-froid est sobre et juste, très réaliste. On suit avec réel intérêt cette affaire, après avoir vu le film je me suis précipité m'acheter le roman de Truman Capote qui est tout aussi fort et passionnant que le film de Richard Brooks.
Un film noir en noir et blanc et qui n'a pas besoin de rajouter du jus de tomate. Un policier sans suspens: ce n'est pas le coupable qui est important, c'est le mobile, comme dans la grande histoire.
Brooks est un réalisateur avec une forte personnalité, du moins dans ses films. Cela saute vite aux yeux, sa mise en scène nous bouscule sans cesse, les plans changent rapidement, ils passent d'un sujet à l'autre d'une façon totalement maîtrisée. C'est comme si notre voisin de fauteuil nous secouait l'épaule en permanence. En plus,''De sang froid'' est particulièrement remarquable, sa construction témoigne de l'intelligence de son auteur qui traite ici un sujet majeur, sans prendre parti ouvertement lui même, quoique les paroles du procureur, sans équivoques, laissent deviner ses inclinaisons. Question réalisation: une séquence est inoubliable; celle ou Teddy raconte sa vie dans sa cellule. Il pleut et par un jeu de reflets, les gouttes de la cour semblent des larmes coulant lentement sur sa joue. Il y a plein de belles choses à voir, beaucoup moins à entendre scènario et milieu social obligent et une leçon de cinéma à retenir. Aucun film à ma connaissance n'a traité ces sujets essentiels avec autant de force et donc aucun n'est plus utile que lui pour nous aider à clarifier nos pensées sur ce qu'il se passe dans nos démocraties. Merci à Brooks qui a eu le courage de le faire, les nombreux autres cinéastes de talent ne se sont intéressés à la peine de mort que pour la condamner...Ford lui même, humaniste parmi les humanistes n'a pas abordé ce sujet. Tout spectateur sortant de ''De sang froid'' remettra en cause ses points de vues sur l'ensemble des évenements, c'est un si grand mèrite que les 5 étoiles me semblent aller d'elles mêmes.
En 1959, deux jeunes prisonniers en liberté conditionnelle assassinent de sang-froid un paisible fermier du Kansas, sa femme et ses deux enfants. Le quadruple meurtre défraie la chronique et glace l’Amérique. Six ans plus tard, après une longue procédure, les deux meurtriers sont exécutés. De ce fait divers, Truman Capote fit dès 1966 un roman qui créa un genre voué à une riche postérité : l’enquête journalistique où s’entrelacent la narration des faits et celle de la façon dont le romancier-journaliste les découvre. L’année suivante, Richard Brooks en fit un film.
Il est récemment repassé au "Grand Action" à Paris dans le cadre du festival organisé à l’occasion des soixante-dix ans de la revue "Positif". Le débat qui l’a suivi a été l’occasion de replacer ce film dans l’oeuvre foisonnante de Richard Brooks et dans le cinéma de l’époque.
Ce qui frappe quand on regarde "De sang-froid" cinquante ans plus tard, c’est sa modernité. Son premier tiers est construit en plans alternés de l’errance des deux taulards sur les routes du Midwest et de la vie sans histoire de la paisible famille qu’ils vont sauvagement assassiner. Les deux fils du récit se renouent par le son : c’est la même sirène de locomotive qu’on entend derrière la voiture des deux meurtriers tapie dans l’obscurité d’un sous-bois et lorsque Nancy Clutter éteint sa lampe de chevet, sa prière faite. Il est filmé dans un noir et blanc intemporel à une époque où la Technicolor avait tout envahi. La musique de Quincy Jones y est omniprésente et d’une étonnante complexité. On pense aux notes de jazz de Miles Davis pour "Ascenseur pour l’échafaud" (filmé près de dix ans plus tôt).
J’ai lu sous la plume de Pierre Murat dans Télérama que "De sang-froid" n’était « rien qu’un plaidoyer extrêmement généreux contre la peine de mort ». La critique est un peu courte. Elle est surtout bien sévère. Certes, la scène de l’exécution des deux assassins est glaçante. Mais elle ne constitue pas le cœur du film. Ce cœur, c’est la scène du quadruple homicide. On le suit minute après minute, en en connaissant par avance le funeste dénouement, en se demandant comment diable ce banal cambriolage a pu déraper dans un si effroyable massacre. C’était la question que s’était posée Truman Capote, sur laquelle il avait buté. Richard Brooks tente de mettre la réponse en image. Je vous la laisse la (re)découvrir.
Décidément, Richard Brooks ne finira jamais de nous impressionner. Il le montre de la plus belle manière qui soit avec ce film magistral, brillament réalisé, avec un jeu d'ombres impressionnant et une ou deux scènes qui nous laissant pantois. Les acteurs sont tous excellents, bien que relativement peu connus (Paul Stewart et John Forsythe qui ressortent un peu). Cette route que l'on prend durant plus de deux heures avec les deux criminels est impressionnante, terrifiante parfois, douloureuse, mais au combien prenante, avec une photo superbe et des dialogues à couper au couteau, d'un réalisme saisissant. C'est un grand moment de cinéma que nous offre Richard Brooks, incontestablement l'un des metteurs les plus intelligents qu'Hollywood aie jamais connu. Chapeau (très) bas.
"De Sang Froid", remis à l'ordre du jour par le succès de "Capote", est un film bien supérieur au biopic tant célébré cette année, même s'il en partage la froideur et la détermination. Supérieur car magnifié par la superbe photographie en Noir et Blanc, au réalisme implacable mais non délué de lyrisme (souligné par la musique stridente et déconstruyite de Quincy Jones). Supérieur surtout par la précision d'une mise en scène qui ne tombe dans aucune des facilités inhérentes à ce type de sujet : Brooks ne fait preuve ni de manichéisme, ni d'angélisme, et ne manifeste de sympathie ni pour les victimes, ni pour les tueurs - ni surtout pour les agents de l'ordre social -, mais livre un constat terrible de ce que les hommes se font les uns aux autres. Sans raison. De sang froid.
Un grand film noir salué honnêtement par une nomination au Golden Globe, le meurtre est bien construit, le mobile du crime constitue tout le suspense, les personnages sont à la fois repoussants et attachants, on explore ainsi leur esprits torturés. Prestations epoustouflantes de Robert Blake et Scott Wilson, et scénario parfait, un chef d'oeuvre!
Admirable adaptation du livre de Truman Capote sur ce crime "fruit de l'ennui & de l'igorance" tout à fait actuel, et que ne renie que très peu son dernier remake avec Philip Seymour-Hoffman dans le rôle-titre !
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1,5
Publiée le 8 juin 2021
Dans ce film sur l'histoire vraie du meurtre d'une famille du Kansas deux rejetés de la société gâchent le crime et leur vie. Dans un véritable triomphe de l'erreur de casting John Forsythe joue le détective du Kansas chargé de l'enquête sur ce crime odieux. Forsythe semble lire ses répliques sur des cartons d'invitation et le vétéran Paul Stewart joue une sorte d'écrivain qui suit l'affaire. Il est sans doute censé être Truman Capote mais il joue la carte de l'honnêteté et non celle d'un homosexuel flamboyant. La réalisation en noir et blanc d'une noirceur oppressante et granuleuse est implacablement déprimante ce qui est probablement l'objectif du réalisateur Richard Brooks. L'arrière-plan des tueurs est également dépeint comme sombre et granuleux. L'ensemble de la production a l'aspect et la sensation d'un film de série B ou d'un film de second plan. Ce film a une bonne réputation c'est pourquoi je l'ai regardé. Il n'est pas à la hauteur du battage médiatique et de sa réputation en fait il déçoit à tous les niveaux...
D'abord le récit d'une fuite. Puis celui d'une chasse à l'homme. Une sorte de Bonnie and Clyde construit de façon étonnante. Le fait de nous expliquer le meurtre à la fin du film (pour une fois on peut raconter la fin puisque c'est son sujet) nous permet de connaître les personnages. Et c'est sa force; c'est vraiment très bien filmé mais on en sort quand même assez mal à l'aise. C'est très dur mais très très fort
La genèse du roman de Truman Capote. Un film d'une grande précision, aussi glaçant que dérangeant, qui montre la banalisation du mal, porté par une réal brillante sublimée par un NB stylé.
Extrêmement oppressante, l'atmosphère nous plonge dans ce fait divers glaçant retranscrit par Truman Capote dont le double se fait froidement objectif, cynique, lucide - notamment à travers ses dialogues délectables avec l'enquêteur principal. Dans un noir et blanc âprement élégant, semblant disséquer le crime, la réalisation se distingue par son habile montage permettant de suivre différentes scènes ou époques en parallèle (le tueur et sa proie au téléphone) ainsi que par des jeux de mise en scène somptueux (la pluie se reflétant en larmes sur le visage du condamné). Suivant le parcours de deux meurtriers - aux interprètes terrifiants de fausse candeur et de vraie démence - dont les ressorts psychologiques sont clairement explicités, ce drame dénonce à travers un dénouement glaçant les manquements d'une société où la peine de mort semble la seule réponse à la cupidité, à la haine, à l'insensibilité. Terriblement intense.
Chef d’œuvre de la littérature américaine, le roman de Truman Capote m’a vraiment marqué (je le recommande vivement). Privilégiant l’authenticité, allant jusqu’à tourner sur le lieu même des meurtres, le film de Richard Brooks lui est fidèle, gardant intacte sa dimension lourde et dramatique. Intelligemment mis en scène, remarquablement monté, magnifiquement photographié par Conrad L. Hall, mis en musique par Quincy Jones et bien interprétés par Robert Blake et Scott Wilson, dont les ressemblances avec Perry Smith et Dick Hickock sont frappantes, « De Sang Froid » est un film glaçant sur un fait divers sordide qui l’est plus encore.
On peut penser que "In Cold Blood" aurait été un chef-d'oeuvre s'il avait été plus court d'une vingtaine de minutes. En effet, la mise en scène de Richard Brooks est superbe, sa façon de filmer la route, le déplacement des véhicules, les personnages dans l'espace qui les entoure relève du plus grand art. Le côté documentaire du film lui donne également une force supplémentaire qui en fait une oeuvre intemporelle sur la folie des hommes et leur course perdue d'avance vers un ailleurs qu'ils n'ont pas imaginé ensemble. Robert Blake, futur Willie Boy, est magnifique dans le rôle de Perry alors que Quincy Jones signe une des plus belles musiques du cinéma américain des années 60.
Dans la catégorie "très grand cinéaste injustement oublié", je demande Richard Brooks. Réalisateur-scénariste, qui après une décennie 50 avec quelques réussites mais un peu trop cadrée par Hollywood, a donné lors des années 60 et 70 certaines des œuvres les plus fortes et corrosives du cinéma américain. "De sang-froid", adapté du roman de Truman Capote, qui relate un fait divers atroce, le massacre d'une famille, ayant réellement eu lieu, fait partie de celles-ci. Ce que l'on ne peut pas reprocher au film, c'est d'essayer de mettre le spectateur à l'aise. La sensation de la malaise est toujours présente tout au long de l'ensemble, se montrant très habile pour qu'on se montre en empathie avec les futures victimes et les deux assassins, spoiler: par exemple en ne montrant l'exécution du massacre qu'après l'arrestation c'est-à-dire au bout de plus d'une heure , ces derniers en les présentant dans la banalité de leur quotidien de minables escrocs, ayant pourtant commis froidement et sans remords un quadruple meurtre, qui continuent leur vie comme si de rien n'était ; la banalité du mal dans "toute sa splendeur"... A la fin, en n'en disant pas trop sur la suite... disons qu'on ne parvient pas même à ressentir le moindre soulagement, on a l'impression que l'absurde règne. On ne sait pas trop quoi penser. Quelques dialogues bien sentis, une interprétation parfaite, en particulier celle magistrale du charismatique Robert Blake en criminel (quand la réalité dépassera la fiction, mais là c'est un autre sujet...!!!), quelques scènes particulièrement inspirées, celles qui mélangent passé et présent notamment ou encore la séquence où le personnage joué par Blake, peu de temps avant son exécution, parle de son enfance et des relations avec son père le reflet d'une vitre noyée par la pluie sur le visage donnant ainsi l'impression que c'est sa figure qui se liquéfie. "De sang-froid" est un film glaçant, dérangeant et implacable.