Avec Projet Wolf Hunting, Kim Hong Sun voulait traiter à la fois du parcours de criminels extradés des Philippines vers la Corée, et du sujet des victimes coréennes de la colonisation japonaise. "Il y a deux éléments du film basés sur des faits historiques : je pense notamment au prologue devant l’aéroport international de Séoul, lorsque les criminels sont extradés. Ce type d’extradition massive a réellement eu lieu, même si l'attentat à la bombe était en revanche parfaitement fictif. Par ailleurs, des expérimentations scientifiques sur des sujets « cobayes » ont réellement eu lieu pendant la colonisation de la Corée par le Japon. Ce sont des faits historiques, d’après lesquels j’ai construit mon histoire."
Projet Wolf Hunting est conçu en trois parties : le film débute comme un thriller d'action, puis se transforme en film d’horreur avec une créature, avant de finalement devenir un film de science-fiction. C'est à la fois l'unité de lieu (un imposant navire) et la multiplicité des personnages qui ont permis au réalisateur d'aboutir à ce mélange des genres tout en obtenant une certaine cohérence : "tout comme j’aime mélanger les genres, j’aime également l’idée de ne pas avoir un seul ni même seulement deux personnages principaux. J’aime avoir une troupe d’acteurs, et jouer avec le spectateur : certains personnages apparaissent, disparaissent avant de réapparaitre, pour finir par mourir. D’autres survivent. Et ceux qui meurent en premier ne sont pas vraiment ceux sur lesquels le spectateur aurait mis un billet."
Le réalisateur voulait illustrer avec son film le célèbre adage "l'homme est un loup pour l'homme". Il divise ses personnages en trois catégories : ceux proches de l'état de loups, ceux voulant encore s'accrocher à ce qu'il leur reste d'humanité, et ceux qui n'en ont déjà plus du tout. Il précise : "Les criminels sont des prédateurs en quête de proies, les détectives sont des chasseurs en quête de dignité, et Alpha, symbole de l'impérialisme japonais, n'est déjà plus humain. Il est un loup, il est le prédateur ultime. Et je pense que le film pose justement cette question : qu'il s'agisse de la Seconde Guerre mondiale ou de notre société contemporaine, l'homme a toujours été et sera toujours un loup pour l'homme. Alors comment protéger ce qu'il reste d'humain en chacun de nous ? Analyser et disséquer cette violence en l'assumant frontalement peut être un premier pas pour envisager un avenir où l'homme considèrera l'être en face de lui comme un autre homme, et non comme un loup."
L'acteur Seo In-guk incarne l'ultra-violent Jong-du, un prisonnier qui se démarque par les tatouages qui recouvrent son corps. Le comédien trouve là un rôle à contre-emploi, lui qui s'est illustré jusque-là dans de nombreux dramas, en particulier romantiques. Le réalisateur revient sur sa prestation : "il m’avait déjà beaucoup impressionné grâce à sa prestation dans la série télévisée Squad 38 (38 Task Force), puis nous avons fini par nous croiser. J’ai vu chez lui quelque chose d’à la fois hyper « sexy », et de très masculin et j’imaginais le personnage ainsi. Mais jusqu’à maintenant, il n'avait jamais vraiment joué le rôle d’un vrai « bad guy » , alors j'ai pensé que c’était peut-être ici une belle occasion pour lui de tenter quelque chose de vraiment nouveau en tant qu’acteur."
La création du personnage d'Alpha est basée sur les recherches faites par le réalisateur sur les expériences menées par l'Allemagne nazie et le Japon impérial durant la Seconde Guerre mondiale : "Ils suturaient notamment les paupières, ils implantaient les cellules de leurs victimes dans le corps d'autres personnes, ils réalisaient des lobotomies à l'aide d'un pic à glace... Tout un programme. Après ce travail de documentation, j’ai réfléchi et me suis demandé : que se passerait-il si un humain était soumis à ce genre d'expérimentation sur une très longue période ? Que deviendrait-il après avoir subi autant d’horreurs ?"
Projet Wolf Hunting est un film particulièrement sanglant : 2,5 tonnes de faux sang ont été utilisées sur le plateau ! "Sur le tournage, nous avons créé des systèmes de pompes de sang qui n’avaient jamais été utilisés auparavant, et mon intention était de faire quelque chose d'aussi réel et excessif, voire encore plus excessif que ce que peut par exemple proposer Tarantino. Comme vous le savez, le sang ne fait pas que couler. Si vous coupez une artère, il jaillit littéralement. C’est ce que je voulais mettre en image, et je suis content du résultat", raconte le réalisateur.
Utiliser tout ce faux sang n'a pas été sans complication logistique : "[...] si la prise est ratée, il faut alors nettoyer tout le plateau et que les comédiens se changent avant de pouvoir en faire une nouvelle. Et comme nous étions pris par le temps, il fallait donc limiter au maximum le nombre de prises, et privilégier les répétitions sans utiliser de sang."