Blanquita : les secrets du tournage

Blanquita est le résultat d’un an d’enquête sur l’affaire Spiniak, qui a mis à jour un réseau de prostitution enfantine et de pédophilie dirigé par un puissant homme d'affaires chilien. Le metteur en scène Fernando Guzzoni explique : "Ce fut l'une des affaires les plus importantes et controversées de l‘histoire judiciaire, politique et journalistique de ces quinze dernières années au Chili."

"Grâce à une recherche approfondie et de nombreuses sources – reportages, dossiers, archives judiciaires et interviews – j’ai découvert une personne dans cette histoire malheureuse qui m’a fasciné – Gema Bueno, « Le témoin clé », "le mineur", "Gema Malo". Une jeune fille de vingt ans, qui a divisé l'opinion publique et tenu la nation en haleine pendant neuf mois. "

"Elle a fini par se retrouver derrière les barreaux, mais la société était divisée sur son cas. Cette histoire est inspirée de ces événements, mais j’en ai fait un mélodrame où les médias prennent une place prépondérante dans la représentation de la tragédie des victimes, des meurtres et de la maltraitance des enfants par des gens importants. Rien dans cette affaire n’est ce qu'il semble être."

Fernando Guzzoni a fait le choix de na pas réellement montrer la violence. Il justifie ce choix : "Je pense que ce film traite surtout des mots. À propos de la vérité, sur la façon dont les mots peuvent créer leur propre réalité. J'ai l'impression que les récits oraux forment le cœur de toute cette histoire. J'ai trouvé beaucoup plus intéressant de laisser en retrait l’horreur de tels abus. Sans oublier que je ne voulais pas tomber dans le sensationnalisme."

"En fait, il y a un mot qui m'a accompagné tout au long de l’écriture. C'est le mot "télépathie", où "télé" signifie loin et "pathos" signifie douleur. Autrement dit, Carlitos partage sa douleur avec elle et elle partage également sa douleur avec d'autres, parce que c'est lié aux abus qu'elle a subis de la part de son père. La télépathie est une transmission psychique, mais dans dans ce cas, il s'agit de communication parlée qui place les mots au centre de tout."

La pré-production de Blanquita a été interrompue par la pandémie pendant un an et demi. Fernando Guzzoni se rappelle : "C'est dommage car tout avait été financé. Nous étions dans la phase finale. Le processus de recherche et d'écriture a duré près de deux ans, nous avons filmé pendant six semaines, et j'ai fait le montage et la post-production en huit mois. Cela a été fait au Mexique, en Pologne, au Chili, au Luxembourg et en France, les pays coproducteurs, qui se sont répartis les différentes tâches."

Fernando Guzzoni collabore à nouveau avec l’acteur chilien Alejandro Goic : "Alejandro est un acteur intelligent, sensible et un très bon ami. Et j'aime beaucoup travailler avec mes amis. Ils peuvent être techniciens ou acteurs, peu importe. C'est toujours plus confortable quand on se connaît déjà De cette façon, vous pouvez établir une relation de travail forte qui peut se développer dans la durée."

Fernando Guzzoni voulait qu'il y ait dans Blanquita les connotations d'un thriller, une ambiance "hivernale" : "Nous avons décidé de travailler avec deux types d'objectifs différents, certains datant des années 1950 et d'autres modernes, combinant ainsi les deux esthétiques. Créer une certaine ambiance qui, espérons-le, sera ressentie comme claustrophobe et cauchemardesque pour le spectateur."