Yo Mama est réalisé par Leïla Sy et Amadou Mariko. La première a été directrice artistique et photographe pour The Source et Tracklist. Travaillant régulièrement dans l'univers du hip hop, où elle a notamment réalisé des clips, elle y rencontre Kery James avec lequel elle co-réalise Banlieusards, sorti sur Netflix en 2019. Le second a longtemps cherché sa voie puis a fait une école de cinéma à 24 ans et a réalisé un premier court-métrage. Après avoir écrit le scénario de Yo Mama, il est allé frapper à la porte de Jean-Pascal Zadi qu'il avait rencontré en 2008 sur le tournage de Sans pudeur ni morale, qui se déroulait dans son quartier. C'est ainsi que Zadi et Camille Moulonguet – qui co-produisent le film – ont mis en contact Amadou Mariko et Leïla Sy.
Cette dernière revient sur leur collaboration : "Ce n’est jamais évident d’être deux aux commandes d’un même film mais nous avons su trouver une méthode assez efficace, et respectueuse, pour travailler à quatre mains. C’était génial d’avoir un autre cerveau pour réfléchir. J’ai apporté ma perception et mon côté « technique » et Amadou, pour qui Yo Mama est le premier long métrage, a apporté son sens du relationnel et sa grande générosité. Il avait une vision précise de la manière dont il voulait que son scénario prenne vie."
Yo Mama est inspiré d’une histoire vraie, celle d'enfants d'une dizaine d'années qui ont joué dans un clip de rap, avec des liasses de billets et des armes à la main, en janvier 2015 à Sarcelles, d'où est originaire Amadou Mariko. Celui-ci raconte : "Un groupe de mamans avait tenté de répondre, c’est alors que j’ai commencé à imaginer une suite où ces mamans auraient choisi la voix du rap pour s’adresser à leur progéniture." Pour Leïla Sy, "Les femmes de Yo Mama tentent de rester connectées à la réalité de leurs enfants. Il était important de mettre en lumière toutes les femmes et cette sororité très forte entre elles."
Amie proche de Jean-Pascal Zadi, Claudia Tagbo était attachée au projet dès le début. Pour constituer le reste du trio, il fallait trouver des comédiennes capables de rapper. Tefa et Béatrice Bonnefoi, qui ont signé la B.O du film, produisent également Zaho, qui est alors apparue comme une évidence, même si elle n'avait jamais fait de cinéma. Quant à Sophie-Marie Larrouy, "son nom a rapidement été évoqué pour incarner Amandine qui était, selon moi, le personnage le plus compliqué. Elle a su le faire évoluer de façon phénoménale. C’est une Rolls !", affirme Leïla Sy.
"Le rap étant le genre musical le plus écouté, il faut que les auteurs soient aussi conscients de leurs responsabilités et n’oublient pas qu’ils sont écoutés par des jeunes auditeurs. On ne donne de leçon à personne mais on pose ça là : si ça ouvre le débat, si ça permet de faire réfléchir aux messages qui sont diffusés dans les textes ou à l’image, ça ne sera que du positif. L’idée reste quand même de désamorcer pas mal de choses avec humour", déclare Leïla Sy. Amadou Mariko renchérit : "j’ai toujours fait en sorte de bien me comporter pour ne pas nuire à l’image de ma mère. L’idée était de montrer que les mères sont là mais que ce n’est pas évident d’élever un enfant. Un proverbe africain dit « Pour éduquer un enfant, il faut tout un village » et c’est justement ça, cette entraide et cette solidarité essentielles entre ces mamans, que le film essaie de montrer."
Contrairement à Zaho, Claudia Tagbo et Sophie-Marie Larrouy ont dû apprendre à chanter et rapper. La première savait placer sa voix grâce à Ghost le musical dans lequel elle a joué pendant 9 mois : "En revanche, pour ce qui est du rap, la technique est un peu différente. Tout est une question de rythme." Quant à la seconde, elle a pris confiance en elle grâce à Zaho, qui les a coachées, elle et Tagbo : "Au départ, seul un petit filet de voix sortait de ma bouche mais elle n’a cessé de m’encourager. Au fur et à mesure, j’ai pris confiance en moi. Zaho a été très délicate, c’est une reine et je l’aime comme une sœur aujourd’hui."
Alors qu'elle était en studio d'enregistrement, Zaho a croisé Jean-Pascal Zadi qui lui a soumis le projet de Yo Mama. Zaho avait déjà reçu des propositions pour jouer la comédie mais n'avait jamais accepté, faute de coup de coeur : "Là, j’ai été conquise par le scénario, séduite par Samira et j’ai même versé une petite larme à la fin de la lecture du synopsis. J’ai eu de l’empathie pour ces mamans."
Elle a toutefois dû passer un casting pour convaincre les équipes de Gaumont : "J’étais autant excitée qu’apeurée. C’est comme lorsque je sors un nouvel album, je crains toujours de me planter. Je me suis donc présentée au casting sans préparation particulière. Cela a duré 3h mais, entre le début et la fin, ma marge de progression avait été notable et le rôle a finalement été pour moi." Elle s'est ensuite préparée avec un coach durant cinq mois afin d'être prête pour le tournage.