Les rues de feu est un film surprenant de la part de Walter Hill, et qui figure vraiment dans le haut de sa filmographie. Il n’est pas tout à fait exempt de défauts, mais quand même, il est réjouissant.
Je commence par l’interprétation. Celle-ci repose sur un casting étonnant. Il est emmené par Michael Paré, du moins en théorie. Celui-ci en effet n’est pas mauvais, il livre sans doute une de ses meilleures compositions, lui qui s’est quand même pas mal enfoncé dans la série Z. Néanmoins il manque d’expressivité, de vie, dans un métrage qui pourtant est plus d’une fois décoiffant. En clair il est trop lymphatique, parfois lunaire, et si à la limite ca peut passer certaines fois, en particulier sur la fin, d’autres fois il aurait pu se bouger un peu plus. Autour de lui il se fait en plus piquer la vedette par des acteurs de qualités. Diane Ladd notamment est remarquable dans son rôle, elle donne une réelle énergie à son personnage, et ses montées sur scènes sont géniales. Elle a du charme, et un vrai charisme. Son contraste avec Amy Madigan fonctionne en plus à merveille, celle-ci trouvant là un de ses meilleurs rôles. Elle fait preuve de subtilité, et arrive à éviter la caricature du garçon manqué banal. Rick Moranis est à ses débuts, il joue bien, mais il est loin de ses meilleures prestations. Je termine probablement par un acteur qui marquait déjà les esprits, William Dafoe. Il s’impose vraiment à chacune de ses apparitions, et crève l’écran en chef bikers. Dans ce film, tout le long de son face à face avec Paré, on comprend pourquoi l’un à eu une carrière chancelante, et l’autre une carrière sous le feu des projecteurs. Pour le reste c’est globalement bon, même si clairement le film repose sur les acteurs cités ci-dessus.
Le scénario lui est intéressant. L’histoire n’a pas une grande originalité en soi, mais son traitement est très solide. Le film est bien moins violent que la plupart des films de Hill, et la teinte légère et décontractée convient vraiment excellemment au métrage, et est toujours amenée avec finesse. C’est dynamique, Streets of fire rentre très vite dans le vif du sujet, il y a de vrais bons moments d’action ou musicaux. On a vraiment le sentiment que le réalisateur se fait plaisir sur ce film, et il y a cette générosité, cette sincérité qui donne finalement à une histoire simple, cette teinte qui la tire d’entre les autres. Je note une bonne fin.
Sur la forme, c’est surtout là que Les rues de feu se distinguent. Si la mise en scène de Hill n’est pas très recherchée, et manque un peu de l’explosivité qui a pu être la sienne à d’autres occasion (le combat entre Paré et Dafoe n’est pas excellent bien qu’efficace), par contre la photographie est sublime. Il y a un travail sur les effets lumineux, les couleurs, avec notamment les jeux de néons qui sont magnifiques. La toute première image du film avec la flaque d’eau irisée sur le sol par une enseigne multicolore donne le ton. Cela m’a beaucoup surpris dans un film de Hill, qui n’est quand même pas réputé pour produire des bijoux d’esthétique. Les décors sont eux aussi d’un grand raffinement, et recréaient à merveille l’ambiance assez atemporelle finalement du métrage. Si on a parfois l’impression de revenir dans les années 50, la musique a des sonorités redoutablement années 80 ! Cette musique qui fait la célébrité des Rues de feu, et à juste titre. La bande son est époustouflante. La scène d’ouverture et la scène de conclusion sont d’ailleurs largement dédiées à la musique. Considérant que c’est là un élément absolument non négligeable dans un film, c’est évidemment un point très positif.
En clair, Les rues de feu est un très bon film. Certes Michael Paré a les épaules un peu chancelantes pour porter le métrage, certes l’histoire reste quand même sur des sentiers battus, certes on ne peut pas dire que l’ensemble a une grande profondeur, enfin la mise en scène de Hill n’est pas sa meilleure, mais franchement, pourquoi bouder son plaisir ? C’est rythmé, divertissant à souhait, et c’est un plaisir pour les yeux et les oreilles ! On peut même le regarder en famille ! Il mérite bien son 4.