Ken Loach nous avait déjà annoncé son départ à la retraite au moment de la sortie de « Jimmy’s Hall » en 2014. Depuis, il nous a proposé 3 films, dont une Palme d’Or pour « Moi Daniel Blake », puis « Sorry We Missed You » que personnellement j’avais préféré à la Palme d’Or…et maintenant « The Old Oak » de la même veine que les précédents…
Dans le nord-est de l’Angleterre, le comté de Durham dont la superficie est égale à la moitié d’un département français moyen, a compté jusqu’à 160 000 personnes travaillant dans le secteur des mines de charbon…cette période est révolue, mais son souvenir pèse toujours sur les esprits, de nombreux habitants ayant en mémoire les grèves menées de mars 1984 à mars 1985 contre la politique de fermeture des mines de charbon par le gouvernement de Margaret Thatcher … The Old Oak, est le pub emblématique d’un village de la région, qu’on retrouve Tommy Joe Ballantyne (Dave Turner) , son propriétaire…, les pubs sont toujours des lieux de rencontres et de conversations : on y parle de football, de politique, de sa vie familiale, etc. C’est exactement ce qui se passe depuis des années, dans une ambiance conviviale, dans le pub de TJ Ballantyne. jusqu’au jour où la guerre en Syrie va changer la donne….l’arrivée d’un groupe de réfugiés syriens divise la population du village en premier les fidèles habitués du pub, le nez dans leur pinte, leur désarroi et leur haine xénophobe qui ne comprennent pas que l’on vienne en aide à des étrangers, alors que eux, familles cabossées, enferrées dans le chômage peinent à se loger décemment et à nourrir leurs enfants…au centre il y a Tommy Joe Ballantyne, qui noue une amitié lumineuse et touchante avec Yara (Ebla Mari) , une réfugiée syrienne, férue de photographie…ensemble avec une amie de Tommy, Laura, (Claire Rodgerson) , une femme du village, une femme généreuse, pleine d’empathie pour ces migrants qui viennent d’arriver, ils vont tenter de redonner vie à la communauté locale en développant une cantine pour les plus démunis, quelles que soient leurs origines. …utopie solidaire désapprouvée par les piliers de bar ...comme souvent, Ken Loach part d’un sujet social crucial tiré du réel, dans lequel il plonge des personnages au grand cœur…certains rebondissements paraissent trop beaux ou trop naïfs pour la noirceur de notre époque…, et un revirement permet d’aboutir à un final beaucoup plus optimiste que dans ces 2 films précédents « Moi Daniel Blake » et « Sorry we missed you » mais quand on voit ce qui s’est passé chez nous, tant à Callac qu’à Saint Brévin les Pins, cette fin optimiste peut faire dire à certain qu’on est dans un monde de bisounours ..Allez le voir…un film implacable et solide comme un vieux chêne.