Yurt, réalisé par Nehir Tuna, nous plonge dans l’univers complexe d’Ahmet, un adolescent de 14 ans dont la vie bascule lorsque sa famille l’envoie dans un pensionnat religieux en Turquie en 1996. Ce choix, motivé par la quête de rédemption et de pureté de son père récemment converti, se transforme pour le jeune garçon en un véritable cauchemar. Ahmet se retrouve partagé entre deux mondes : le jour, il fréquente une école privée laïque et nationaliste, et le soir, il retourne dans un dortoir surpeuplé où il doit faire face aux rigueurs des études coraniques et aux brimades de ses camarades.
Le film explore les thèmes de la révolte et de la quête d’identité à travers le regard d’un adolescent pris au piège entre les attentes de sa famille et ses propres désirs. Ahmet, incarné par un talentueux jeune acteur, éprouve un mélange de colère, de confusion et de résistance face à un système éducatif qui cherche à embrigader la jeunesse. Les scènes dans le pensionnat, où les règles sont strictes et l’autorité omniprésente, créent une atmosphère étouffante qui reflète parfaitement le conflit intérieur du protagoniste.
Cependant, l’espoir n’est jamais loin. Grâce à son amitié avec un autre pensionnaire, Ahmet trouve un allié dans cette lutte pour la liberté. Ensemble, ils défient les règles et les normes imposées, cherchant à s’épanouir en dépit des pressions extérieures. Cette amitié devient un symbole de résistance, incarnant la force de l'esprit humain face à l'adversité.
La réalisation de Nehir Tuna est à la fois poignante et évocatrice, mettant en lumière les défis auxquels sont confrontés les jeunes dans un monde où les idéaux et les croyances peuvent parfois se heurter à la réalité. Le film réussit à capturer les émotions de l’adolescence avec une sensibilité remarquable, explorant les luttes internes et les dynamiques familiales qui façonnent l'identité d'Ahmet.
Le film est également enrichi par des performances solides de la part des acteurs, notamment Can Bartu Aslan, Doğa Karakaş et Ozan Çelik, qui apportent une profondeur et une authenticité à leurs personnages. Leurs interactions contribuent à rendre l'expérience d'Ahmet encore plus palpable, faisant ressentir au spectateur le poids de ses choix et de ses émotions.