Les plus utilesLes plus récentesMembres avec le plus de critiquesMembres avec le plus d'abonnés
Filtrer par :
Toutes les notes
Pierre
19 abonnés
176 critiques
Suivre son activité
3,5
Publiée le 10 avril 2024
Un adolescent qui est entre deux monde celui de la laïcité et la religion. Il doit faire l'équilibre entre les deux. J'ai beaucoup le format en noir et blanc du film. Le fil de l'histoire qui évolue pour le personnage.
"Yurt" récompensé l'an dernier à la Mostra de Venise (section « Orizzonti : meilleur scénario) est un drame turc qui se regarde. En effet le prometteur réalisateur Nehir Tuna livre aux spectateurs à partir de sa propre histoire un regard amer sur son pays la Turquie qui à la fin des années 1990 voit progressivement le mouvement islamiste s'installer dans sa nation ainsi que la fin de la "démocratie" à travers le regard de deux jeunes adolescents (bien interprété par le jeune acteur principal: Doğa Karakaş) partagés entre leurs aspirations à la liberté et la pression religieuse de leur pays.
Du bel et grand cinéma, admirablement filmé, avec un brin de sophistication (la scène où, à travers l'oeilleton, Ahmed surprend le Hodja rigoriste et son jeune compagnon : ah ! ces religieux intégristes, toujours prêts à jeter l'anathème pour tout ce qui touche à la chair, mais qui ne se privent de rien). Mais tout est dit sur les méfaits des religions et les dégâts qu'elles entraînent, sur le plan physique aussi bien que sur le plan psychologique. Cependant, du côté des laïcs, si l'enseignement dispensé (curieusement, on ne voit que des séquences concernant le cours d'anglais) semble hautement performant, la levée des couleurs, les chants à la gloire d'Atatürk, renvoient aussi à une forme d'embrigadement, plus sympathique que celui des islamistes, il est vrai, mais embrigadement tout de même. Le cinéaste, finalement, ne prend guère parti. La tentative d'Ahmed et de son camarade pour conquérir leur liberté demeure, hélas!, vaine, métaphore du destin du peuple turc qui, sous la férule islamiste d'Erdogan, a rejeté la Turquie laïque d'Atatürk pour promouvoir un islamisme qui semble gagner du terrain.
Avant tout visionnage de ce film, il est important de lire le synopsis. Passé l’effet de décalage entre l’enseignement laïque le jour et le dortoir islamiste la nuit, un beau film d’amitié, et de confrontation paternelle, se déroule, en commençant par un noir et blanc et se terminant par la couleur, tel un Xavier Dolan turc. Amitié ou amour trouble, différence de classe sociale, film d’initiation amoureuse : il y a tout dans ce film, avec des interprètes remarquables.
très bon. scénario important qui illustre les contradictions de la Turquie contemporaine. Des acteurs remarquables. Une photo très léchée - passage du noir et blanc à la couleur un peu facile. A voir!
Un premier film assez envoûtant. Un jeune qui oscille entre son lycée privé laïque et un internat tenu par les islamistes, balançant entre les deux cultures du pays et une orientation qui se cherche sur fond d'amitiés masculines qui basculent, vraiment bien vu une mise en scène extrêmement maîtrisée
Présenté au festival de Venise (2023) ou il est reparti la corbeille vide, ce premier film du turc N.Tuna, s'il n'est pas dépourvu de qualités, peine à (me) convaincre.
Un jeune homme issu d'un milieu bourgeois est envoyé par son père dans une école religieuse, en 1996, alors que la Turquie est la scène de conflits entre les continuateurs de Atatürk et les fondamentalistes musulmans.
Réflexion sur une modalité de la toxicité familiale ( le jeune homme est considéré par son père comme sa projection stricte, la mère n'a pas son mot à dire ), sur les conséquences des différences de classes et sur la discordance entre la maltraitance physique pratiquée et le message d'amour enseigné ( même si le professeur ne restera pas impuni).
Si au plan formel, la première partie filmée en noir et blanc représente ce que " Yurt" ( école religieuse) offre de plus réussi, la seconde partie en couleurs déçoit.
Le scénario ( c'est à mes yeux la faiblesse de " Yurt" pratique les changements de pieds et masque la totale clarté d'expression d'un véritable point de vue.
Le générique final laisse entendre des chants d'oiseaux : le symbole est clair, l'émancipation reste possible.
Dédié à son père ( on en déduit la part autobiographique du film), on soupçonne aussi la prégnance du traumatisme. On ne guérit pas facilement de son enfance
Très peu distribué alors que le film dépeint avec justesse le conflit entre l'orientation laïque et émancipatrice du pouvoir dans les années 80/90 et le début du prosélytisme islamiste dans différents pays dont la Turquie. Le jeune ado fils d'un entrepreneur gagné par la montée d'un sunnisme simpliste, vit ce conflit dans sa famille, sa scolarité et sa recherche de la vérité. Très émouvants , le scénario et les images sont inspirés par de la poésie et de la douceur pour représenter ces conflits qui se superposent dramatiquement aussi à celui de classes sociales.
Teenage movie turc, Yurt raconte le déchirement d'un ado entre la laïcité émancipative de son école et la tradition réactionnaire de son foyer. Grâce à sa superbe photographie, Yurt séduit et peut se permettre de prendre son temps. L'amitié et la découverte amoureuse sont les piliers habituels de ce type de film, sans jamais sombrer ici dans la vulgarité ou le ridicule. On peut simplement regretter les pistes évoquées et abandonnées, les impasses et les élipses, mais il reste une belle découverte.
Très classique dans sa forme, "Yurt", présenté l’an dernier à la Mostra de Venise, est un beau film sur l’apprentissage de l’existence par un adolescent vivant dans un environnement très particulier. Il apporte en plus un éclairage fort intéressant sur l’évolution de la Turquie, en se positionnant très exactement au moment où ce pays est passé de la période du kémalisme de Atatürk à la Turquie d’aujourd'hui, celle de Recep Tayyip Erdoğan. Les personnages de Ahmet et de Hakan sont parfaitement campés par Doğa Karakaş et Can Bartu Aslan, deux jeunes comédiens n’ayant aucune expérience pour le premier et une toute petite pour le second. Le rôle de Kerim, le père d’Ahmet, est interprété par Tansu Biçer, un acteur très connu en Turquie et qu’on avait vu dans Milk, le deuxième volet de la « trilogie de Yusuf » du grand réalisateur turc Semih Kaplanoğlu. Critique complète sur https://www.critique-film.fr/critique-yurt/
Ahmet, 14 ans, est un jeune collégien plutôt brillant qui, une fois sa journée d'école terminée, rentre dans un Yurt pour y vivre en collectivité, et surtout y apprendre une version radicale du Coran. Issu d'une famille aisée dans la Turquie de 96, il va se rebeller en payant violemment ses incartades auprès du tyrannique surveillant général. Entre désir de liberté et héritage familial, ce film évoque la religion à travers ce jeune qui va voir son corps se transformer, des amitiés se former, et donc remettre en cause cette éducation rigoriste. Ce récit d'une idéologie de la Turquie d'il y a 30 ans porté par un jeune acteur très juste est un premier long métrage remarquable pour comprendre l'histoire actuelle de ce pays oscillant entre fanatisme et laïcité.
S'étant fait remarquer dans les festivals, ce premier long-métrage réalisé Nehir Tuna et sorti tout récemment m'intriguait pas mal. spoiler: Et je dois dire que je n'en suis pas déçu ! Nous suivons ici une partie de l'adolescence de Ahmet, balloté entre un pensionnat religieux et une école laïque. C'est donc une sorte de teen movie mais sur fond politique assez intense puisque le film se déroule durant la fin des années 90, période durant laquelle la Turquie était partagée entre laïcs et religieux ; les dortoirs étant perçus comme des lieux de l'extrémisme islamique et très certainement que les écoles laïques étaient perçues comme "impures", inspirant même au mal, par les religieux. Un adolescent alors en recherche de soi-même et de sa sexualité fréquentant ces deux mondes opposés et étant surtout obligé de se plier aux règles de chacun est forcément perdu dans tout cela ! Car oui, Ahmet se cherche également dans sa sexualité, il la découvre dans un premier temps puis nous avons également un sous-texte gay prenant de plus en plus d'ampleur dans la relation entre Ahmet et Hakan, un autre pensionnaire avec qui Ahmet se lie d'amitié. Car oui, certes ils sont très potes m'enfin ils sont quand même sacrément proches, proximité atteignant d'ailleurs son apogée dans un champ mais je n'en dirai pas plus afin de ne pas spoiler ! Ainsi, le film est très intéressant puisque nous avons une vision de la Turquie à un moment critique via le prisme d'un adolescent qui ne comprend pas vraiment le monde qui l'entoure. Doit-il se plier aux valeurs notamment inculquées par son père ou alors vivre pleinement sa liberté d'adolescent ? Nous avons d'ailleurs à ce propos un passage du noir et blanc à la couleur très intéressant, qui survient à un moment qui n'est bien-sûr pas anodin puisque la couleur arrive lorsque Ahmet vit pleinement son adolescence, qu'il expérimente, visite et fait des conneries d'adolescent quoi finalement (rappelant d'ailleurs le passage du 4/3 et 16/9 dans "Mommy" de Xavier Dolan). Il sort enfin de son enfermement quotidien pour s'ouvrir littéralement à l'extérieur. D'ailleurs, pour rester sur la mise en scène, cette dernière est excellente, nous offrant de magnifiques plans, de même que la photographie d'ailleurs, nous donnant un très beau noir et blanc. "Yurt" raconte alors énormément de choses en si peu de temps mais sans que ce ne soit jamais brouillon ou bordélique, ça colle justement au propos, c'est-à-dire l'effervescence de l'adolescence.
Petite machine à remonter le temps afin d'observer la Turquie des années 90. Cela peut surprendre ceux ne connaissant pas l'histoire de ce pays, mais il y a 30 ans, la religion n'était pas forcément bien vue. Alors que l'Etat prône la laïcité, Ahmet suit des études normales le jour, et le soir rentre dans son pensionnat religieux. On voit comment la population rejette ces yurt. Ahmet est pointé du doigt seulement pour en faire partie. Une situation terrible pour lui, car il ne se sent pas heureux dedans. Les préceptes religieux ne l'intéresse pas, et seule la fierté qu'éprouverait son père le fait tenir. Le ton d'image en noir et blanc permet de se rendre compte de l'oppression qu'il subit. L'évolution de la photographie appuie sur la volonté d'émancipation d'Ahmet.
L'action de Yurt, l'excellent premier long-métrage de Nahir Tuna, se déroule dans le contexte bien précis de la Turquie de 1996 et 1997, soit une période charnière dans la bataille historique entre la laïcité et l’islamisme dans le pays. Le héros adolescent, Ahmet, est symboliquement pris entre ces deux tendances, fréquentant un lycée privé le jour et un dortoir géré par des religieux, le soir et la nuit. En partie autobiographique, le film déroule un récit d'apprentissage complexe pour son personnage principal, confronté à des milieux sociaux opposés ainsi qu'à un père qui alterne autorité et douceur. Le film se montre subtil dans la recherche d'indépendance de Ahmet et surtout d'affection, alors même que ses désirs ne semblent pas encore définis. Ce jeune turc en formation, joué par un acteur exceptionnel, Doğa Karakaş, sert de fil rouge à une histoire souvent surprenante sur le fond mais aussi dans la forme, avec une grande partie tournée dans un superbe noir et blanc. Le sujet majeur du film est à l'évidence l'embrigadement des corps et des âmes sous couvert de pureté et la résistance à cette sourde violence mais la réussite de Yurt tient aussi beaucoup à son aspect romanesque et sentimental, dans le bon sens du terme, dans une assez belle maîtrise narrative et formelle, surtout pour un premier long-métrage.