Le film a été présenté à la Quinzaine des Réalisateurs au Festival de Cannes 2022.
Pour João Pedro Rodrigues, Feu follet renvoie à la fois au fantastique et à quelque chose d’éphémère : “Cela ne raconte rien du film et en même temps il dit un peu tout ! J’aime l’idée que le feu follet, c’est quelque chose à la fois fantomatique et physique, car c’est un phénomène réel, chimique, qui faisait peur autrefois quand les gens ne savaient pas ce que c’était.”
João Pedro Rodrigues a toujours voulu réaliser une comédie, qu’il considère comme le genre le plus difficile à réussir. Avec Feu follet, il signe non seulement une comédie, mais plus encore, une comédie musicale. Il considère que le terme qui convient le mieux pour définir son film est fantaisie “parce que c’est comme une rêverie. Ce film évoque des choses très concrètes et en même temps il commence en pleine science-fiction- anticipation, puisque nous sommes en 2069. En cela mon approche de la comédie possède un côté décalé.”
Marqué par la peinture Allégorie du Temps gouverné par la Prudence de Titien, le réalisateur avait pour ambition de retracer les trois âges de la vie d’une personne (l’enfance, l’adulte et la vieillesse) mais aussi sa mort : “Je crois que mes films parlent toujours de la façon dont on surpasse la mort. C’est quelque chose qui m’obsède : comment se prépare-t-on à mourir. Le cinéma par son immortalité, est une façon de surmonter la mort pour moi qui ne crois pas à l’au-delà.”
Le futur est situé en 2069, en clin d’œil à 1969, année érotique. Le réalisateur explique : “J’ai trouvé ça drôle si on connaît la chanson de Serge Gainsbourg. Quand on voit 2069 sur l’écran, on pense dès le début que quelque chose de drôle va se passer. La comédie démarre.”
Pour le décor de la forêt, l’équipe a investi une pinède royale. Il s’agit de la plus ancienne du Portugal, plantée au XIIIème siècle par le roi Dom Afonso III et après par le roi Dom Dinis I. Située au centre nord du pays, elle a pratiquement complètement brûlé en 2017. “Elle a été plantée pour contenir les dunes et a fourni le bois pour les bateaux de nos grands navigateurs-explorateurs. C’est pour cela que le prince, au début, parle de ces pins comme s’ils étaient des êtres royaux, et c’est vrai d’une certaine façon, ce sont des arbres royaux ces pins maritimes”, raconte le réalisateur.
Depuis ses débuts, João Pedro Rodrigues s’est donné pour principe de ne jamais hésiter à aller au bout des choses. Quand il s’agit de filmer le sexe, il estime qu’on “peut tout montrer. J’ai choisi de le faire mais avec cérémonie car j’aime le réel mis scène. Mon film n’est pas documentaire, c’est une vraie fiction, une rêverie paradoxalement ancrée dans le concret, et le concret, c’est le corps. [...] S’il y a des séquences de sexe, elles doivent être réalisées elles aussi avec un esprit d’irrévérence, pour pratiquer un cinéma qui cherche l’invention.”