Les plus utilesLes plus récentesMembres avec le plus de critiquesMembres avec le plus d'abonnés
Filtrer par :
Toutes les notes
Slimfast
3 abonnés
18 critiques
Suivre son activité
3,5
Publiée le 27 octobre 2024
Loin du standard WASP et des canons Hollywoodiens WAR PONY s’étire entre « LE NATIONAL GEOGRAPHIC » pour le document sur la réserve amérindienne et LES 400 COUPS pour le récit à deux personnages avec montage parallèle vintage mais assumé. Ici malgré les signes de la modernité, le sentiment de la nature l’emporte sur celui de l’histoire et l’ivresse du présent et du proche avenir, sur la nostalgie. Ici encore les incantations seules tiennent lieu de revendication. Autre souci notable faire planer le mystère dans certaines scènes. Ainsi l’enfant dans le cortège funèbre des voitures, voyant par la vitre un oiseau survoler très haut dans le ciel défait une cigarette et jette le tabac par la fenêtre avant d’entonner un chant rituel : qu’est ce que cela veut dire ? Daney à une autre échelle demandait : qui peut se vanter d’avoir compris la fin de 2001, l’odyssée de l’espace ? Dans War PONY l’irrationnel est, magique peut-être.
Ce très beau film a obtenu une récompense qu’on a tendance à oublier à Cannes mais qui signifie beaucoup : celui de la Caméra d’Or, lors de la dernière édition. C’est le prix qui récompense le meilleur premier film toutes sélections confondues. Et on peut dire qu’il est amplement mérité tant « War Pony » nous fait ressentir des choses peu communes et qu’il sort des sentiers battus. C’est l’actrice Riley Keough vu dans « Mad Max – Fury Road » ou encore “It comes at night” qui est à la barre. L’idée lui est venue lors du tournage d’un autre film indépendant qui développait des qualités semblables : le passionnant « American Honey » d’Andrea Arnold en 2015 où elle avait un second rôle. C’est à ce moment qu’elle a rencontré ses acteurs non professionnels et ceux qui allaient écrire l’histoire qu’elle allait mettre en scène en duo avec Gina Gammell quelques années plus tard. Et si le film prend place dans une réserve indienne comme les premiers films de Chloë Zhao, ils prennent une tonalité et une tournure différente, la poésie des films de la cinéaste oscarisée laissant place ici à un naturalisme revigorant.
Keough et Gammell nous plongent donc en immersion totale au sein d’une réserve indienne où l’on va suivre le quotidien de deux personnages aux trajectoires scindées et différentes. Un quotidien fait de débrouille et de petits larcins pour subsister dans un environnement laissant peu de place à l’espoir et la réussite. Un univers à horizon (très) limité où petites combines et trafic de drogues sont leurs boussoles de vie. Cet aspect de double récit parallèle est peut-être un peu le point faible de « War Pony ». En effet, les deux personnages principaux ne vont jamais se rencontrer ou se croiser, si ce n’est à la toute fin et de manière forcée pour créer un semblant de liant. Ce qui aurait donc pu occasionner deux films plus étoffés que celui-ci. On a certes le droit à deux tranches de vie bien distinctes, l’une au début de l’adolescence et l’autre à la fin. Les deux se valent mais ce choix narratif n’est pas forcément logique et si ce n’est pour étendre le spectre (ou faire catalogue), on a du mal à en saisir le bienfondé. Il n’empêche, les acteurs non-professionnels et rencontrées sur le tournage sont tous excellents et participent au naturel de joli film naturaliste et social que ne renierait pas les frères Dardenne (et qu’ils auraient pu mettre en scène s’ils étaient américains).
Il y a certes des petits moments de flottement sur les presque deux heures du film et donc quelques longueurs mais cela reste infime au vu de tout le reste. Jamais misérabiliste, toujours au plus près de ses personnages filmés comme des héros du quotidien et conditionné par cette envie de faire découvrir ces laissés-pour-compte au sein de ce no man’s land du Midwest américain, « War Pony » prend vite les atours d’une belle chronique mâtinée de polar et de drame. Le film n’exclut jamais quelques traits d’humour alternant avec d’autres davantage teintés d’émotion. Et la caméra des deux cinéastes est au plus près de ses protagonistes, elle ne les lâche pas et ils la lui rendent bien. Cela n’empêche pas quelques belles envolées lyriques où la lumière du soleil balaie ces étendues désolées mais aussi des séquences qui ont vraiment une identité et une atmosphère singulière comme cette soirée d’Halloween chez un riche entrepreneur ayant embauché l’un des personnages. Ce n’est certes pas le film attendu sur la vie dans une réserve indienne aux USA (il a de toute façon déjà été fait) mais cette première œuvre très prometteuse qui lorgne vers le documentaire nous conte une histoire captivante et à laquelle on s’attache sans souci. Une histoire de (sur)vie belle et simple.
Plus de critiques cinéma sur ma page Facebook Ciné Ma Passion.
Chronique percutante et touchante (et sans surenchère) sur l’Amérique des laissés-pour-compte, à travers le quotidien parallèle rude de deux jeunes d’une réserve amérindienne livrés à eux-mêmes qui tentent de s’en sortir, interprétés par un duo de comédiens attachants.
Assez mélancolique, très simple et super bien joué, presque comme un docu, histoire des 2 garçons, en parallèle, qui se trouvent à la fin... A Pine Ridge, la pire réserve, au moins ça montre le quotidien, pour ceux qui n'ont pas vu les docus contrairement à moi. C'est assez touchant, très juste... Une tranche de vie quoi... en fait le grand est assez sage, on s'attendrait à l'inverse... Ca bouscule un peu les préjugés spoiler: (le tatoué est plus sage que le gamin "innocent", le riche blanc est plus arnaqueur que les "kaïras", la "protectrice" des gamins n'est pas clean) , pas mal comme approche!
Dans la réserve indienne de Pine Ridge, deux jeunes gens font ce qu’ils peuvent pour tenter de s’en sortir. Bill, 23 ans, est déterminé à prendre sa part du rêve américain, il voit son salut dans l’élevage des caniches d’une chienne, qu’il vient à croiser dans ses petites combines. Matho, adolescent de 12 ans, cherche désespérément à briller aux yeux de son père, à être un homme. Prendre de bonnes décisions, semble échapper aux deux jeunes gens, qui évoluent dans une société qui leur est hostile. Nombreux ont été les films tournés dans cette réserve où vivent les Lakotas. Mais il ne s’agit pas là d’un film de plus, bien au contraire. War Pony est une petite pépite, qui n’a pas volé sa Caméra d’Or au Festival de Cannes 2022. Indépendamment de l’histoire, somme toute assez banale, il y a dans ce film une caméra pour saisir certains moments, des ambiances superbes et à la fois complètement improbables, si ce n’est par l’image. La scène ou Bill et de 2 de ses amis, vont faire un extra dans une réception, les visages grimés est hallucinante. Quant à la fin du film, en lien avec cette même soirée qui part pour lui en vrille, elle est de toute beauté, tant elle nous fait du bien pour lui.
Ce film qui revendique son indépendance ( mise en scène, photographie, interprétation … ) parle aussi de ce besoin d’air, de ce vent liberté qui n’arrive pas encore à souffler dans cette réserve indienne, oubliée du reste des Etats-Unis. Les réalisatrices Gina Gammell et Riley Keough y posent assez discrètement leur caméra pour suivre en parallèle le destin d’un grand jeune homme et d’un gamin qui rêve de le devenir Ce ne sont pas de mauvais garçons, mais la vie, ne leur a pas forcément mis les bonnes cartes entre les mains. Gina Gammell et Riley Keough les filment avec tellement de douceur dans ce milieu hostile que l’adhésion à leurs personnages conforte leurs personnalités. Pas toujours sur la rails, mais de plus en plus attachantes. Une fois adoptés, ils ne vous lâchent plus. AVIS BONUS Le regard du critique Pour en savoir plus : lheuredelasortie.com
Dans la veine naturaliste, ce film brut peint sans misérabilisme le noir sombre dans lequel baignent des populations natives a la dérive. Bien sûr, l'Etat apparaît peu dans le document, au détour d'une école. L'effondrement moral qui laisse des mineurs aux drogues des l'âge de 10 ans appelle pourtant à une autre réflexion, sur la destinée que tentent de tordre un cercle d'amis d'infortune. On laissera de côté les polémiques stériles relayées dans la présentation du film, les réalisatrices démontrent la légitimité d'un regard, non par essence mais par le travail.
War Pony est typique du cinéma indépendant étasunien sur sa forme, avec une photo désaturée, peu de musique, et une volonté de retranscrire du "réel". Cela donne encore plus de force à des personnages particulièrement bien caractérisés, sans jamais tomber dans une sorte caricature misérabiliste. Sans oublier une écriture très fine, très intelligente, qui aborde avec beaucoup de justesse les thèmes du racisme, et des luttes de classes qui se jouent entre natifs américains et bourgeoisie blanche. War Pony est un film touchant, intime et très riche en émotions.
D'un point de vue thématique, ce film a d'abord le mérite de traiter un sujet qui reste largement ignoré du cinéma américain en général. Mais, surtout, la mise en scène réussit à porter un regard dénué de misérabilisme sur cette communauté qui pourrait être largement l'objet d'un récit larmoyant. Les réalisateurs ont su allier dans une proportion très juste la part des déterminismes sociaux et géographiques que subissent les individus qu'ils filment, tout en réussissant à montrer qu'à ces déterminants subsistent une part de liberté et de choix. Certains choix de mise en scène sont plus faibles par moment. Par exemple la dialectique qui s'établit entre le couple d'américains blanc et la communauté indienne n'est pas des plus originale. Et ce manque d'originalité se ressent dans la manière dont le cadre et les plans sont filmés lors de ces scènes, la caméra n'ayant plus la même habileté à saisir la singularité des situations. Les corps deviennent plus massifs et moins bien agencés dans l'espace, comme si les réalisateurs étaient conscients que ces scènes n'étaient pas tout à fait dans l'esprit du reste du film. Néanmoins, l'ensemble reste d'une très grande qualité. L'aspect documentaire reste secondaire par rapport à la mise en récit, ce qui n'est pas l'habitude dans la plupart des films qui traitent de ce type de problématiques sociales.
"War Pony" est le portrait croisé de deux Indiens lakota qui vivent dans la réserve de Pine Ridge au Dakota du Sud. La casquette vissée sur la tête, Bill, la vingtaine, vit aux crochets de sa grand-mère sans guère s’occuper de son fils. Il vit de petits trafics minables et s’est mis en tête d’élever des caniches de race avant de trouver à s’employer chez un riche Blanc. Matho, douze ans à peine, est laissé à lui-même après la mort brutale de son père. Il va trouver refuge dans une curieuse maison dont la propriétaire offre un toit à des orphelins comme lui en les employant comme dealers.
"War Pony" est née d’une rencontre, celle de l’actrice Riley Keough – la petite-fille du King Elvis Presley – avec deux chefs Indiens lakota lors du tournage de "American Honey" d’Andrea Arnold en 2015, un film que je n’avais pas aimé malgré ses excellentes critiques. À partir de leurs récits de vie et de ceux d’autres membres de la communauté, Riley Keough a écrit un scénario aidée de Gina Gammell qui co-réalise avec elle "War Pony". Le résultat s’en ressent qui se situe à égale distance du documentaire et de la fiction.
"War Pony" est une ethnofiction qui n’évite pas parfois le misérabilisme. Rien n’est épargné à nos jeunes héros qui vont d’une avanie à l’autre sans espoir de rémission.
Le film, qui dure près de deux heures, a un rythme lent dont on aurait tort de lui reprocher la langueur. Car ce rythme est emblématique de vies engluées dans un morne ennui. Autre reproche qu’on pourrait ou pas lui adresser : celui de l’entrelacement de ces deux récits, sous la forme d’un film chorale à deux voix (pourquoi deux ? et pas trois ? ou quatre ?) mais dont je dis et je redis qu’il s’agit d’un procédé diablement efficace pour rythmer un scénario et en enrichir l’horizon.
Dernier reproche dont là encore, sitôt formulé, j’interroge la pertinence : "War Pony" a le défaut (rédhibitoire ?) d’arriver après les films de Chloé Zhang "Les chansons que mes frères m’ont apprises" (2015) et "The Rider" (2017) qui se déroulaient exactement au même endroit. J’ai du mal à dire lequel de "The Rider" et de "War Pony" est le meilleur film (je les classe ex aequo avec trois étoiles chacun) ; mais celui-ci a le défaut d’arriver après celui-là et ne plus posséder l’originalité de son prédécesseur.
Camera d'or 2022, au festival de Cannes " war pony" appartient au registre "cinéma indépendant américain", mais pas à son meilleur.
Portraits parallèles vaguement esquissés d'un jeune homme "à capuche" et d'un enfant vivant de nos jours dans une réserve indienne, on suit ( malheureusement sans beaucoup de passions), ces tranches de vie à la dérive ( petite délinquance et traffic à la petite semaine, famille décomposée, acculturation ...)
Le scénario est minimaliste, presque absent, porte un récit souvent statique et sans véritable point de vue, dont le ton trouve un cousinage avec celui du documentaire.
L'apparition d'un bison onirique nous rappelle les origines ancestrales des personnages et l'aspect fictionnel du propos.
Le prix obtenu laisse supposer une qualité de traitement malheureusement invisible à l'écran et trop anecdotique pour rester indélébile.
Le sujet du film est d'autant plus intéressant qu'il est peu traité au cinéma : la condition des descendants amérindiens "protégé" dans les parcs que l'Etat américain leur a réservé. Riley Keough et Gina Gammell ont refusé l'explicite et laissent parler leur caméra , filmant le quotidien d'un ado et d'un jeune indien. De galère en débrouille, entre drogue et petits boulots, parents, enfants, cousins et chiens, c'est un monde violent qui est montré mais dans laquelle la difficulté se même à une solidarité communautaire qui n'a pas disparu et assure une survie minimale. C'est intelligent et fort, appuyé par une belle bande-son. Une belle surprise.
Ce film, qui a obtenu la caméra d’or au festival de Cannes 2022, constitue une plongée saisissante dans un monde sans avenir, filmé sans misérabilisme, la plupart du temps à hauteur d'enfant, avec une mise scène soignée et une photo magnifique, essayant sans cesse d’ajouter un peu de légèreté dans la noirceur, notamment à travers le personnage de Bill, jeune homme toujours flegmatique, malgré son quotidien à l’horizon bouché et les coups du sort qui s’abattent sur lui.
Un film aux accents documentaires, esthétiquement très beau, qui nous montre une réalité du monde actuel oubliée, à travers une galerie de personnages extrêmement forts et touchants. A voir !
Caméra d’or en 2022 à Cannes, ce film à la photographie somptueuse est un bijou, tant côté scénario, que dans la réalisation. On y suit deux jeunes hommes pas aidés par la vie et qui tentent à tout prix de s’en sortir. C’est somptueux. La musique est entêtante. Un grand film.