Le film a été présenté dans la section Un Certain Regard au Festival de Cannes 2022.
Le film trouve son origine dans le personnage de Signe, comme l'explique le réalisateur : "Je voulais que le film soit ancré dans le monde réel, dans la société que j’ai pu observer à Oslo. Le comportement de Signe est tellement extrême que son parcours devient imprévisible. Le public doit la suivre pas à pas s’enfoncer dans cette spirale infernale". Au fur et à mesure de l'écriture, il s'est de plus en plus intéressé à son fiancé, Thomas, et de la dynamique entre les deux protagonistes : "Toutes leurs actions sont motivées par la compétition qui existe entre eux. Cela en fait un couple de narcissiques toxiques : aucun d’eux ne se soucie de l’autre, et les deux font ressortir le pire d’eux-mêmes dans n’importe quelle situation."
Le maquillage prothétique tient une place centrale dans le film. Le responsable du maquillage et des prothèses, Izzi Galindo, a été impliqué très tôt dans la préparation de Sick of Myself. Il lui a fallu des mois pour concevoir les différentes étapes de la transformation de Signe, dans le but d’arriver à un résultat à la fois choquant et fascinant. Kristoffer Borgli revient sur ce processus : "Je pense que nous avons tous les deux une fascination pour les altérations du visage ou du corps, et leurs conséquences. Notre but était d’atteindre un stade où la dysmorphie pouvait paraître autant attirante que repoussante. Il s’agissait de bousculer le spectateur pour le divertir : à l’époque des réseaux sociaux où l’apparence physique est primordiale, un réalisateur qui enlaidit sa propre héroïne est une démarche à contre-courant !"
Kristoffer Borgli a façonné le personnage de Signe avec son interprète, l'actrice Kristine Kujath Thorp : "nous nous sommes penchés sur le double jeu de son personnage et la question qui s’est posée était “comment incarner un personnage qui ne montre jamais son vrai visage ?” Elle ment comme elle respire, sa modestie est un leurre et ses interactions sociales sont soigneusement préparées. Interpréter un personnage qui se met à ce point en scène requiert un équilibre complexe, que Kristine est parvenue à trouver". Au-delà de la psychologie, le jeu corporel était lui aussi primordial. Il a même été envisagé d'utiliser de légers électrochocs pour générer des réactions physiques spontanées chez la comédienne, mais heureusement pour elle, "c’était évidemment une mauvaise (et douloureuse) idée que nous avons mise de côté", admet le réalisateur.
Le réalisateur voulait faire un film à la fois inconfortable et drôle. Adepte de l'humour noir, il a cherché à tourner en dérision les aspects les plus sombres de la vie et de la société moderne à travers des personnages pas nécessairement sympathiques et des situations exagérées : "Je pense qu’on peut très facilement s’identifier aux personnages. Simplement, dans la vraie vie, la majorité des gens s’empêchent d’agir impulsivement, par convenances sociales. J’aime l’idée que la fiction nous permette de faire abstraction des injonctions morales sans avoir à en gérer les répercussions."