To The Moon : les secrets du tournage

Si Scarlett Johansson et Channing Tatum étaient tous deux à l’affiche du film Ave, César ! des frères Coen en 2016, ils n’avaient encore jamais partagé de scènes ensemble.

Avec sa société These Pictures, Scarlett Johansson produit ici pour la première fois un long-métrage. Un tournant supplémentaire dans sa carrière puisqu’elle réalisera également son premier film, Eleanor The Great, prévu pour 2025.

Le budget de To the Moon est estimé à 100 millions de dollars.

En mars 2022, les studios Apple ont annoncé avoir acquis les droits d’un film abordant la course à l’espace dans les années 60 et qui s’intitulait alors provisoirement "Projet Artemis". Scarlett Johansson et Chris Evans étaient alors annoncés pour incarner les deux héros sous la direction de Jason Bateman. Cependant, au mois de mai, à la suite de différents avec la production, Bateman a été remplacé par Greg Berlanti, réalisateur de Love, Simon en 2018. Le calendrier du tournage ayant été modifié, Chris Evans a dû à son tour abandonner le projet et c’est Channing Tatum qui a été choisi dès le mois de juillet 2022 pour prendre sa place.

Greg Berlanti est un passionné des conquêtes spatiales et a eu l’opportunité d’avoir accès à des images inédites datant de l’époque d’Apollon 11, qui ont guidées les choix de mise en scène : "Il y a beaucoup d’images dans le film qui font partie des Archives nationales et qui étaient restées inédites au cinéma », dit-il. "On a eu accès à ces images très en amont, pendant la prépa, et elles nous ont vraiment guidés dans nos choix de mise en scène".

To the Moon a bénéficié du concours de la NASA et de plusieurs conseillers techniques qui ont été impliqués sur la vraie mission Apollon 11, comme Gerry Griffin a été directeur de vol à l’époque du programme Apollo . Un soutien qui n’était pas inné, puisque le film traite d’une fausse retransmission (supposée) de la NASA. : " Je crois que la NASA a compris qu’on cherchait surtout à rendre hommage au travail de ces hommes et de ces femmes » poursuit Berlanti. " La NASA savait que ces récits complotistes se sont multipliés et a compris qu’on avait à cœur de rendre hommage à tous ceux qui ont participé au programme Apollo".

En outre 400.000 personnes qui ont participé à la mission Apollon 11 ont nourri le film.

Pour le rôle du chat Mischief, pas moins de trois félins apparaissent à l’écran : Hickory (le chat préféré de Channing Tatum !), Eclipse et Wilbur. Malgré tout, l’équipe du film était persuadée d’avoir un animal généré en 3D à la fin du compte. Bien qu’allergique aux chats, Greg Berlanti a refusé le recours au numérique et justifie son choix en expliquant que son film "se déroule dans une réalité légèrement sublimée et que, pour que le spectateur y adhère pleinement, il s’agissait d’être le plus réaliste possible à chaque fois que c’était possible". Finalement, il n’y a aucun plan de chat en 3D à l’écran et tous sont parfaitement authentiques !

C'est Scarlett Johansson qui a pensé à Greg Berlanti pour reprendre la réalisation de To the Moon. Une tâche plutôt complexe car il a davantage travaillé pour la télévision plutôt que pour le cinéma (même si son long-métrage, Love Simon en 2018 a eu un beau succès). Ce qui l'a convaincu ? Faire un film autour de la mission Apollo 11 : " J'étais un vrai fan de conquête spatiale quand j'étais gamin", reconnaît-il avant de poursuivre : "Quand j'ai eu un fils il y a huit ans, la première chose qu'on a achetée pour sa chambre, c'était une photo grandeur nature de la combinaison de Neil Armstrong".

Woody Harrelson incarne Moe Burkus, un fonctionnaire du gouvernement Nixon (qui est dans To The Moon à l'origine de l'idée de la fausse retransmission de l'alunissage). Ce n'est cependant pas la première fois qu'il incarne un proche de l'ex-Président puisqu'il a déjà campé E. Howard Hunt dans la série White House Plumbers.

Oscar du meilleur scénario pour The Descendants, Jim Rash est également acteur et incarne Lance Vespertine, un réalisateur de publicité. Greg Berlanti explique qu'il était si volubile pendant les prises qu'il a dû couper certaines scènes avec lui : "Le plus difficile quand on travaille avec Jim c'est que les bons mots fusent en permanence ! Il y a 45 minutes de rushes avec Jim qui ne sont pas dans le montage final", raconte le cinéaste.

Pour le duo Johansson / Tatum, le réalisateur s'est inspiré de Katharine Hepburn et Spencer Tracy, qui ont vécus une relation aussi merveilleuse que tumultueuse.

Selon la productrice Sarah Schechter, le postulat du film — le besoin du gouvernement de retransmettre sur tous les écrans de télévision un faux alunissage — ne serait finalement pas si invraisemblable que cela : "Le pays avait été endeuillé et le cynisme s'était propagé" dit-elle avant de poursuivre : "Si on estimait toujours avec un certain optimisme que les jeunes pouvaient changer le monde, l'idée selon laquelle on était à même de réaliser l'impossible était en perte de vitesse dans l'inconscient collectif. Mais pour Kelly, ce qui compte, c'est le rêve. De manière cynique, elle accepte l'idée que les gens se désintéressent de la conquête de la lune. Elle se dit qu'il faut seulement leur redonner envie de s'y intéresser".

Pour l'anecdote, c'est Keenan Flynn, le directeur du département Cinéma de These Pictures, qui a trouvé l'idée de départ du film.

Le chef-opérateur Dariusz Wolski a non seulement mis son talent pour l'éclairage à contribution sur To The Moon, mais il est également passé devant la caméra pour la première fois de sa carrière, en jouant Ensuite, Wolski a relevé un défi beaucoup plus déstabilisant pour lui : passer devant la caméra en jouant Edward, le directeur de la photo du reportage du faux alunissage : "Je l’écoutais raconter comment on allait s’y prendre pour le faux alunissage avec du matériel de 1969 au moment même où j’auditionnais des acteurs qui n’avaient pas l’air de chefs-opérateurs. Du coup, j’ai proposé à Dariusz de jouer lui-même le directeur de la photo !" raconte Greg Berlanti.

Si dans de nombreux longs-métrages, la salle de lancement qui est représentée est généralement celle de Houston, au Texas, c'est celle de Cap Kennedy qui apparaît dans To the Moon et qu'il a fallu ainsi reconstituer.

Scarlett Johansson a confié que la cheffe-costumière légendaire Mary Zophres lui a fait porter les chaussures de sa tante durant tout le film. les chaussures à talon découvert de l’actrice sont en réalité des copies, confectionnées avec des matériaux actuels plus solides par la chef-costumière.

Avant de faire appel à un compositeur, Greg Belanti et son monteur Harry Jerjian ont monté des scènes avec des musiques temporaires, dont celles de Daniel Pemberton. Un style qui se mariait tant avec les images de To the Moon que le réalisateur a décidé de le contacter dans l'espoir qu'il en signe la bande-originale : "Tout au long du tournage, on ne cessait de me répéter qu’il était débordé. Quand on a fini le tournage, j’ai demandé à son équipe s’il accepterait de jeter un œil au premier montage en expliquant que j’avais utilisé ses propres compositions ! Il a vu le film et il m’a appelé pour me dire : ‘Désormais, je comprends pourquoi tu t’es servi de mes musiques et je vois pourquoi il faut que je participe au projet’" explique Berlanti.

To the Moon contient également pléthore de chansons des années 60, mais plutôt rares, concotés par la superviseuse musicale Season Kent. On peut ainsi entendre une reprise inédite de Moon River par Aretha Franklin, alors qu'elle est originellement interprétée par Audrey Hepburn.