Ricardo et la peinture, docu de Barbet Schroeder
Le cinéaste raconte son ami de longue date : Ricardo Cavallo, peintre. Il a fui l’Argentine, ado. À Neuilly-sur-Seine, il vit dans une chambre de bonne qui lui fait entrevoir les arbres du Bois-de-Boulogne. Il sera peintre. Quand il quitte l’urbanité, c’est pour le Finistère. En baie de Morlaix, où il créé une école de peinture gratuite pour enfants, car l’art se transmet sans filtre monétaire.
Lui, vit en ermite, tout entier voué à ses tableaux monumentaux, conçu comme des puzzles ou des paysages sans fins, qui avancent ou reculent, au gré des jours, au gré des saisons qui défilent en une seule journée. Il se nourrit de riz et de fruits (un régime efficace qui le remplit d’une énergie créatrice vitale et le soustrait aux contraintes domestiques), dort la fenêtre ouverte été comme hiver (une température ambiante nécessaire à ses œuvres). De jour, il s’enferme, muni de tout son barda (fragments de toiles, pinceaux, chevalets, chapeau) dans une grotte ou sous des rochers branlants menaçants. Il habite autant qu'il est habité par le panorama organique et ses différents points de vue, qu’il restitue, ardents.
Barbet, moins agile, se plie au séjour monastique : il est question d’une plongée au cœur de la création. L'artiste n’est qu’un humble messager.