Makenzy, quinze ans, et Purdey, de deux ans son aînée, sont frère et sœur. Laissés à eux-mêmes par une mère alcoolique, dans une maison qui tombe lentement en ruines, ils n'ont d'autre alternative que de s'assumer. Makenzy s'est acoquiné avec un autre adolescent de son âge, Donovan, et commet avec lui de menus larcins. Purdey a trouvé un job d'été dans une résidence hôtelière et rêve d'indépendance à l'approche de sa majorité.
"Il pleut dans la maison" m'a évoqué "Leurs enfants après eux" de Nicolas Mathieu, prix Goncourt 2018. J'y ai retrouvé la même ambiance estivale, les mêmes bords de lac balnéaires (dans les Vosges pour Nicolas Mathieu, dans le Hainaut pour ce premier film d'une jeune réalisatrice belge) et surtout la description d'une même jeunesse blanche désœuvrée de la France périphérique, loin de celle des banlieues si souvent et si caricaturalement filmées.
J'aime les films estivaux. Ils ont un parfum immédiatement reconnaissable. Ils sentent l'ambre solaire, la sueur, le sel ou le chlore : "La Piscine", "L'Eté meurtrier", "L'Eté en pente douce", "L'Année des méduses"... J'aime aussi ces héros adolescents qui sortent de l'enfance pour entrer dans l'âge adulte, de "La Fureur de vivre" à "Bande de filles" en passant par "Bonjour Tristesse", "Les Quatre Cent coups", "Le Péril jeune" ou "Les Roseaux sauvages".
Le premier film de cette réalisatrice belge, qui fait tourner son neveu et sa nièce, avait donc tout pour me plaire, jusqu'à son naturalisme revendiqué : les deux acteurs, demi-frère et demi-sœur dans la vraie vie, y jouent sous leur propre prénom. Le problème est que rien ne s'y passe. Le scénario, soit par paresse, soit par parti-pris, ne raconte rien. Le film commence, le film s'achève après une heure vingt à peine sans avoir vraiment commencé, comme si sa mise en route avait été trop longtemps retardée. Entre ces deux points, rien ne se tend ; pas le début d'une intrigue ne se noue, sinon celle vite expédiée de l'agression commise par Makenzy, sous le coup de la haine de classe, contre un gamin plus nanti que lui.
On aurait aimé aimer "Il pleut dans la maison" ; mais encore eût-il fallu qu'Il pleut dans la maison nous donne des raisons de l'aimer.