L'ultime voyage des comédiens.
"La fin du jour" est une délectation verbale, née de la plume de Charles Spaak, le meilleur scénariste du cinéma français de l'entre-deux-guerres, avec Jean Aurenche, à qui l'on doit, entre autres, "La grande illusion" de Jean Renoir. A l'abbaye de Saint-Jean-la-Rivière, les comédiens de théâtre (monstres sacrés, premiers rôles, seconds rôles, figurants, souffleurs,...)... à bout de souffle, se remémorent, avec nostalgie, leurs prestations d'antan sur les planches... Cette maison de retraite, des plus extravagantes, voit défiler Lucien Cabrissade (Michel Simon), un souffleur qui, par amertume, s'invente des rôles chimériques; ou encore Marny (Victor Francen) qui voit d'un très mauvais oeil l'intrusion du dandy Raphaël Saint-Clair (Louis Jouvet)... Tout ce petit monde du spectacle, et plus encore le sexe faible, va être chamboulé par la venue de cet homme à femmes, qui retrouve les coeurs fragiles de jadis endurcis depuis comme la pierre, par sa faute... d'égocentrique. Au loin, le glas résonne dans le pavillon de ces résidents qui finissent par s'essouffler, à force d'avoir perpétuellement joué le rôle de leur vie... qui arrive tout doucement à son terme. Julien Duvivier ("La belle équipe", "Panique", "Le petit monde de Don Camillo") rend hommage, de la plus belle manière, au petit monde du théâtre en dirigeant deux des monstres sacrés que sont Michel Simon et Louis Jouvet. Un classique phare du cinéma français prolifique des années 30.