Avis sur La Stranezza

Roberto Andò a été assistant-réalisateur de Rosi, Fellini, Coppola et Cimino, excusez du peu, avant de mettre en scène lui-même (opéra, théâtre, cinéma). Un homme de culture, à l'évidence, d'origine sicilienne, et dont la trajectoire artistique a fini par croiser celle d'un des plus illustres écrivains de sa région, à savoir Luigi Pirandello. La Stranezza imagine ainsi comment ce dernier a eu l'idée de sa pièce la plus célèbre, Six personnages en quête d'auteur, suite à un voyage dans sa Sicile natale, en 1921. Peu importe si la fantaisie préside au scénario, l'important est ailleurs, dans une vision malicieuse de l'écrivain, en quête de hauteur, et de la créativité du petit monde du théâtre amateur, qu'il rencontre par hasard, sous la forme de deux croque-morts, dans le civil, passionnés par l'écriture et la mise en scène de leurs propres œuvres. Entre la farce et le drame, la réalité et la fiction, le récit sinue, parfois avec trop de nonchalance, et glorifie l'art théâtral, à travers ses représentants les plus humbles. La reconstitution d'époque est elle parfaitement réussie et fait oublier les quelques langueurs du scénario. Dans le rôle de Pirandello, Toni Servillo, digne de sa réputation, excelle sans jamais en faire trop. Le film parlera sans doute plus aux Italiens, et surtout aux Siciliens, qu'aux Français, mais ses qualités esthétiques et parfois comiques, valent bien un petit détour.