Le film a été présenté à la Semaine Internationale de la Critique au Festival de Cannes 2022.
Cristèle Alves Meira s'est inspirée du sentiment d’injustice qu'elle a ressenti à la mort de sa grand-mère maternelle. Elle avait alors une vingtaine d’années et a vu ses oncles et ses tantes se déchirer autour de sa dépouille pour une vulgaire question d’argent. Elle est restée sans sépulture pendant deux ans. "Cette brutalité dans les rapports humains m’a frappée au point de vouloir en faire un film. J’avais besoin de comprendre ce qui pouvait mener à ça. De cette histoire personnelle, il reste seulement une scène dans le film. Parce que très vite, mon attention s’est focalisée sur la relation d’une grand-mère avec sa petite-fille", raconte la réalisatrice.
Si on observe un regain d’intérêt pour la figure de la sorcière, pour les rituels, la magie et les superstitions, Cristèle Alves Meira souligne qu'Alma Viva n'est pas un film de genre : "C’est un film de terrain, presque anthropologique qui s’inspire des pratiques réelles de la sorcellerie que j’ai côtoyées de près. J’ai passé mon enfance à entendre des histoires de mauvais sorts et de malédictions. J’ai grandi avec l’occulte, avec des femmes qui sont de grandes mystiques, qui croient au pouvoir des plantes et aux esprits. On pratique réellement la sorcellerie dans ces montagnes du Nord-Est du Portugal. Ce sont des rituels qui se font en cachette et c’est tabou d’en parler".
Alma Viva a été tourné dans le village de la grand-mère maternelle de la réalisatrice, situé dans la région du Trás-os-Montes, au Portugal. Cristèle Alves Meira y avait déjà filmé les courts Sol branco et Campo de Víboras. "J’entretiens une relation très intime avec ces paysages, chargés d’une pensée de notre temps mais qui nous vient de nos ancêtres. C’est avec ce sentiment que je les filme. Il y a dans ces villages, dans la façon d’être au monde de ces montagnards (dont je fais partie), quelque chose qui nous vient de très loin. La modernité est là, bien entendu, mais les traditions et les coutumes continuent de vivre et de se transmettre."
Tous les acteurs qui jouent dans Alma Viva sont originaires du village où a été tourné le film, et de ses environs. Ce sont des non-professionnels, en grande majorité, que la réalisatrice connaît très bien : "Je les ai choisis pour ce qu’ils sont, des sanguins au grand cœur qu’il ne faut pas trop embêter ! Ce franc-parler, cette excentricité, cette brutalité qui émane dans les rapports entre les personnages sont propres à l’image que je me fais de cette région."
Salomé est incarnée par la fille de la réalisatrice. Il ne s'agissait pas d'un choix délibéré de la part de cette dernière. Elle a passé beaucoup de temps à voir d’autres petites filles en casting, mais Lua Michel (sa fille) a démontré un désir de jouer. "Et ne pas lui laisser sa chance de passer des essais pour mon film n’aurait pas été juste. Alors j’ai accepté de la filmer. C’était une dure charge que de prendre cette décision, c’est une grande responsabilité. Mais Lua s’est imposée, elle s’est emparée du rôle de façon tout à fait naturelle. C’est alors devenu une évidence." Le personnage, qui avait à l'origine 11 ans, a été rajeuni pour coller à l'âge de son interprète, 9 ans au moment du tournage.