Lorsqu'il est sélectionné à La Berlinale en février 2022, Le Retour des hirondelles est projeté dans une version revue par la censure chinoise, qui modifie la fin pour livrer une happy-end plus politiquement correcte. À sa sortie sur les écrans chinois le 8 juillet 2022, le film rencontre un vif succès : il rapporte 100 millions de yuans en 62 jours pour un budget de 2 millions. Pourtant, le long-métrage est retiré des cinémas le 26 septembre, victime de la censure du régime en place. Lorsque Le Retour des hirondelles sort sur les plateformes, le succès est à nouveau au rendez-vous. Il est alors totalement interdit et le réalisateur Li Ruijun est assigné à résidence. Pourquoi ce film représente-t-il une telle menace aux yeux du gouvernement ? En mettant en scène deux personnages qui vivent dans un dénuement extrême, l'oeuvre contredit le Parti communiste chinois qui annonçait fièrement en 2021 la fin de la pauvreté absolue.
Le titre chinois du film, Yin ru chen yan, signifie "Caché dans le pays des cendres et de la fumée". "Cela signifie que les époques passées, les vies passées, ne sont pas disparues. Elles sont simplement enfouies dans les cendres. Ce que nous ne voyons plus ne cesse pas pour autant d’exister. Ce titre compliqué a un sens bien plus simple qu’il n’y paraît", révèle le réalisateur.
Li Ruijun voulait filmer la terre où il est né et mettre en avant un mode de vie voué à disparaître au profit de l'urbanisation : "je voulais conserver une trace de ces existences rurales et simples, rendre hommage à cette terre qui a nourri mon âme et reste ma principale source d’inspiration."
Li Ruijun a construit la ferme du film avec son frère et son père, ainsi qu'avec l'acteur principal, Wu Renlin, qui est aussi son oncle, et le fils de ce dernier. Ensemble, ils ont fait pousser les cultures jusqu’à leur moisson. Le film a été tourné au rythme des saisons, en suivant le cycle des cultures et des migrations d’oiseaux.
Le tournage a été divisé en cinq parties et a duré 85 jours, de mars à octobre 2020. La pandémie a mis à mal la production. "C’est difficile de payer l’équipe lorsque l’argent manque au quotidien. Et pendant le tournage, nous devions continuer à prendre soin des animaux et des cultures", souligne le réalisateur, qui a également occupé les postes de monteur et de directeur artistique. Même si c'était épuisant, cela lui a permis de faire des économies car le budget était très serré.