Après des chefs-d'œuvre comme Mother et Parasite, j’attendais beaucoup de Bong Joon-Ho avec Mickey 17. Malheureusement, cette histoire ne parvient pas à retrouver l’intensité et la cohérence narrative qui faisaient la force de ses précédents films.
Le point de départ du film est pourtant prometteur : Mickey Barnes, joué par Robert Pattinson, est un homme endetté qui accepte un travail dans une colonie spatiale dirigée par Kenneth Marshall. Ce qu’il ne réalise pas immédiatement, c’est qu’il a signé pour devenir un "remplaçable", un être cloné et réimprimé à chaque mort, avec la sauvegarde de ses souvenirs. L’intrigue prend une tournure intéressante lorsque quelque chose qui n'était pas senser arriver survient : Mickey 17 se retrouve face à son clone, Mickey 18. Cette opposition entre les deux versions du personnage est sans doute l’un des seuls éléments, selon moi, véritablement réussis du film. On y perçoit une critique sous-jacente de la société : d’un côté, un Mickey soumis aux règles, et de l’autre, un Mickey qui cherche à se révolter contre l’ordre établi.
Malheureusement, le reste du film peine à être aussi percutant. Les relations entre les personnages manquent de profondeur : l’amitié entre Mickey et Timo est floue, l’histoire d’amour avec Nasha est à peine exploitée, et les interactions entre Mickey et Kai semblent ne rien apporter de concret au récit. De même, la présence des "Rampeurs", une espèce extraterrestre, est trop peu expliquée et laisse une impression d’absurdité plutôt que de mystère.
Un autre problème majeur vient des dialogues. Là où Bong Joon-Ho sait habituellement mêler critique sociale et écriture fine, ici, l’humour américain semble mal placé et désamorce certaines scènes qui auraient pu être bien plus profondes. Pourtant, le film tente de soulever des réflexions intéressantes, notamment sur la manière dont les humains cherchent toujours à contrôler leur environnement sans se soucier des conséquences. Une réplique de Nasha illustre bien cette idée : "Ce ne sont pas eux les extraterrestres, c’est nous qui le sommes pour eux." ( Ce n'est sûrement pas la même phrase mais c'est en tout cas l'idée que je m'en fais après la séance. ) Malheureusement, ces moments de lucidité sont trop rares pour porter réellement le film.
Si Mickey 17 reste une expérience visuellement soignée et bénéficie d’une très belle performance de Robert Pattinson, capable de jouer deux rôles avec brio, il laisse néanmoins une impression d’inachevé. Trop brouillon dans son écriture et ses relations entre personnages, il ne parvient pas à atteindre la clarté et l’émotion qui faisaient la force des précédents films du réalisateur. Peut-être que certains messages m’ont échappé, mais le film semble manquer de fluidité, laissant un sentiment de confusion et d’inabouti.