Surprenant, j'avais pas d'a priori.
Je me suis demandé où est-ce que ça allait, quel était le propos, et pour moi, c'est clairement un plaidoyer contre l'attachement matériel à la maison. L'équipe du film montre à l'aide de trois histoires, comment la maison peut nous aliéner, nous transformer en vermine ermite totalement recroquevillé dans son nid, et nous rendre peureux de la vie.
Les visuels sont très créatifs, très intéressant, on joue avec les formes des personnages pour effrayer, comparer à des insectes, attendrir, montrer la gêne, et tout ça en stop motion, c'est du sacré travail. La toute fin avec les plans de la maison sont géniaux, on suspend totalement sa crédulité au profit de l'image.
Après le visionnage j'ai pensé : - les passerelles entre les trois histoires sont très minces.
- les personnages semblent avoir des comportements magiques, pourquoi sont ils aussi infects du début à la fin.
- Les histoires n'ont pas de résolution, c'est simplement crasseux du début à la fin, pas de progression, pas d'éclaircies.
Mais après réflexion, j'ai trouvé le film plus intelligent que je l'imaginais. En effet, le triptyque nous propose un attachement à la maison, une déliquescence dans la maison et une libération de la maison. Une libération qu'on peut penser en demis teinte, puisque la maison suit le dernier personnage (ce n'est pas un vrai compromis -> perdre sa maison contre libération) mais l'important était de comprendre cette futilité matérielle et l’intérêt de la vie, la maison n'accepte de bouger que lorsque le personnage comprend. On peut alors reprocher au film de ne jamais contrebalancer. le détachement est présenté comme un plus et pas comme un échange ou un compromis.
Enfin, le comportement magique des personnages, qui adopte des positions extrêmes dans le récit sont plus proches de ce que le film cherche à transmettre qu'on ne l'imagine. Dans la première histoire, l'état de chose est simplifié avec la machine à coudre et la fixette du père, car il s'agit de montrer la quête matérielle qui fait ignorer le bien être de son propre foyer. Dans la deuxième histoire, les derniers acheteurs potentiels qui s'attachent au personnage principal avant de s'avilir avec lui représentent simplement son encrassement, son renoncement, et son enfermement. Il n'y a plus de social, il n'y a plus d'aspirations, il n'y à que des bêtes rampantes. Et dans le dernier, les locataires sont ignobles pour montrer que malgré leur totale incompétence, ce n'est pas le paiement du loyer et la bonne tenue de la maison qui apporte l'épanouissement, mais accepter de "devenir quelqu'un d'autre", l'individu attaché à sa maison, et vivant pour elle, est toujours égal à lui même, s'il est malheureux, il le sera toute sa vie.
Avec tout ça je me dis, je ne suis pas d'accord avec le film, pour moi la maison est un refuge pour penser ses plaies, accueillir ses proches dans un cadre intimiste et chaleureux. Et c'est peut être pour ça que dans la dernière histoire, le véhicule de la liberté est une maison flottante qui se déplace au fil des pérégrination dans le monde. (ou être partout chez sois, je ne sais pas, je pense que c'est une fin ouverte).
Si je me base sur mon ressenti, ce sera 3.5. D'autant que dans mon esprit, "L’Île aux chiens" de Wes Anderson est ce qu'on à fait de meilleur dans ce genre visuel. Ici, les personnages manquent d'humanité, l'écoulement de l'histoire est flou et les enjeux sont difficiles à saisir. Même en appréciant les ressentiments négatif (je pense qu'il y a une volonté de nous faire vivre une sorte de descente aux enfers avec les personnages), j'ai eu l'impression que c'était gratuit, je ne voyais pas le bout du tunnel, on me propose deux premières histoires qui finissent au plus bas, j'ai vraiment cru que c'était un festival de l'horreur.