Ce que j'aimais bien chez Sydney Pollack, c'est que son cinéma n'était pas sans but, pas seulement du divertissement, au contraire dans la plupart de ses films, il amène à la réflexion avec plus ou moins de succès sur un thème abordé pendant deux heures. Là, on est plutôt dans le moins. Déjà, je me prosterne face aux traducteurs et à leur incroyable don, que dis-je, talent … que dis-je, géni, pour leur efforts fait sur la traduction du titre "Absence Of Malice". Alors que sur une autre critique, je disais que j'en avais marre de voir des titres anglais être traduit en anglais … je retire ce que j'ai dis, je ne suis pas encore pressé de voir "Bord de demain" ou "Coup du lapin" … (quoi que, avouons-le, on a fait fort avec "50 nuances de Grey"). Bref, toujours est-il que "Absence de malice" ne veut presque rien dire et ne correspond même pas au film. Comme tout le monde le dis, "Sans intention de nuire" est une traduction plus vraisemblable, mais de toute façon les affiches sont déjà imprimés, on ne peut plus changer.
C'est l'histoire d'un mec qui a comme pour papa un ancien trafiquant d'alcool. L'attorney décide de mettre la pression sur notre fils de trafiquant digne de Scarface pour l'inculper de la disparition d'un méchant mafieux. L'attorney laisse exprès (oh le coquin) un dossier sur Michael Gallagher sur son bureau pour piéger la jeune, belle et bien coiffée journaliste Megan Carter. Celle-ci publie donc un article accusant Monsieur Newman sans avoir la moindre preuve de sa culpabilité. Et ça, c'est pas Jojo. Au programme, pas d'alcool, pas de sexe, pas de violence, pas de bar à femmes légères, pas de travelos clandestins, ça n'est donc pas un épisode d'enquête exclusive.
Le problème majeur de "Absence Of Malice" est, comme tout le monde l'admet, son manque de rythme. Certaines fictions politiques sont totalement envoutante, ça n'est pas le cas de celle-ci. Les personnages eux même ne sont pas intéressant, entre le petit chef d'entreprise jugé par l'ombre mafieuse de son père et la journaliste demeurée à la recherche du scoop, on n'est pas embarqué. Et encore moins quand on voit que des acteurs réputés comme Paul Newman, le Matthew McConaughey de l'ancien temps, et Sally Field économisent leur charisme pour un meilleur film à venir, sait-on jamais. Une thématique omniprésente, absence d'action, acteurs faussement emballés, duo bancale, musique décevante (enfin 6 notes de piano) donne un film plat qui ne nous attire pas vers son dénouement.
Après je reconnais que la prémonition faite par Pollack est presque alarmante, parce qu'aujourd'hui encore, tous les journalistes ont la tête dans la fosse septique du scoop. C'est un peu l'idée que l'ont a retrouvé récemment dans "Gone Girl", cette idée de l'homme coupable parce qu'il ne peut pas prouver son innocence, et qui se fait enfoncer par les médias d'une façon infondée et dégueulasse. Pollack nous offre malgré tout une vision intéressante sur le journalisme, d'une façon opposée à "Les hommes du président". Mais faire un film qui a pour but de dénoncer en le faisant sans passion, est-ce bien raisonnable ? (Dixit Desproges). Le peu d'intensité porte réellement défaut au film, et on est obligé d'attendre la fin du film pour avoir une scène qui ressemble à quelque chose de bien, mais ça fait un peu tard quand même.
Je ne vais pas raconter cette dernière scène pour ne pas spoiler, mais Wiford Brimley s'impose avec brio dans cette scène, balançant des belles petites phrases du genre "T'appelles ça une fuite ? La dernière fois qu'il y a eu une fuite comme ça, Noé s'est fabriqué un bateau !". On a aussi la "chance" de voir pour la première fois (me semble t-il) Paul Newman, le gentleman éternel, à deux doigts de tourner une scène de viol (on a aussi la chance de l'entendre dire "Nope"). Pour terminer avec du positif, la mise en scène et la réalisation sont très bonnes, à défaut d'avoir un scénario poignant.
Bon Film :)