Adapté de la propre BD de Vincent Paronnaud (qui, dans les cases, officie sous le pseudo de “Winshluss”) qui fut récompensée d’un prix au salon du livre de Montreuil en 2016, le présent film d’animation suit le chemin plutôt balisé du voyage initiatique enfantin, celui du jeune Angelo qui devra vivre les aventures qu’il se contentait jusque là d’imaginer, alors qu’il cherche à rejoindre la maison de sa grand-mère malade : un schéma certes très classique, qu’on évitera d’aborder rationnellement - mais quel enfant ferait une chose pareille ? - mais parsemé de petits coups de folie, comme cet écureuil transformiste qui persiste à se considérer comme un oiseau, cet ogre devenu agent immobilier ou l’esprit de la forêt, sorte d’immense Totoro moussu amateur de bonbons. Toutes ces trouvailles pétillantes, et le message écolo asséné sans lourdeur, en font déjà un chouette film d’animation familial mais le résultat séduit aussi et surtout grâce à la richesse de sa proposition d’animation : on passe sans transition de la 3D numérique à l’animation en stop-motion, et on passe des traits anguleux et du rythme haché d’une production 2D contemporaine aux rondeurs des Silly Symphonies d’il y a un siècle. Même à un âge où les blagounettes et la morale “empowereuse” de ce genre de film d’animation ne vous sont plus d’aucune utilité, suivre ce remuant conte de fées moderne dépourvu du moindre temps mort s’avère vraiment stimulant, ne serait-ce que d’un point de vue technique.