Ainsi "Les Disparues de Valan" rentre dans la catégorie des films que l'on regarde par curiosité, peut-être même par dépit ou par amour du risque. Les films hongrois se font rares, on ne sait rien à propos d'eaux, ni même d'ailleurs trop de la culture cinématographique hongroise.
Alors nous prenons le risque de plonger dans ce monde inconnu et tortueux, sombre et qui fera penser sans la moindre hésitation à un scandi-noir mystérieux. Et, parfois, le risque mérite amplement d'être pris.
Avec un jeu d'acteur époustouflant et des personnages attachants, nous sommes indubitablement poussés à rester collé devant le film, jusqu'à son achèvement final. Nous le regardons, nous observons les moindres détails, les moindres procédés que les réalisateurs utilisent pour plonger le spectateur dans une atmosphère profonde, stressante, lourde, pesante. C'est un bon film, un film très bon, qui a compris comme cela fonctionnait : ne pas essayer de "faire comme", mais s'émanciper et façonner sa propre ambiance, sa propre atmosphère.
Soutenu par des images majestueuses d'une Hongrie plongée sous la neige, le personnage principal, sublimement joué et écrit avec finesse, nous montre un quotidien bourru, difficile et froid. C'est un personnage qui mérite amplement sa place dans la critique et dans la note finale; quelle prestation ! On ne connait pas l'acteur au commencement du film, on ne veut plus l'oublier à la fin. Le personnage est fin, humain, possède des qualités touchantes mais aussi des défauts grinçant, qui nous amène à le voir comme un miroir : lorsque tout implose et explose, lorsque la pression éclate, nous devenons finalement très humains.
Et son histoire, cette tragédie infâme, s'achève d'une manière sensationnelle et étonnante, qui frappe de plein fouet le téléspectateur et le laisse là, face à son écran, hébété et avec une partie en moins de lui. Une partie en moins qu'il laissera parmi ces personnages, parmi cette histoire, parmi cette tragédie mystique d'un policier bourru et froid à la recherche d'une vérité terrifiante; une vérité plus terrible encore que ce que l'on pouvait s'imaginer.
Une vérité implacable et impossible à changer, simplement digne d'être observée, peut-être pleurée, peut-être lamentée. Mais une vérité cachée depuis des décennies, sans que jamais personne ne s'y attende.
Chapeau bas à ce film, qui nous arrache une partie du cœur à la scène finale.