On la tient enfin la (presque) parfaite petite comédie romantique gay! Les romances mettant en scène deux hommes étaient jusqu’alors cantonnées à des circuits ou festivals indépendants, c’était des films de niche en somme qui sortaient parfois en catimini dans quelques salles art et essai. Ou alors on avait droit à des œuvres plus ambitieuses artistiquement mais souvent tragiques ou dramatiques comme « Le secret de Brokeback Mountain » ou « Call me by your name ». Prime Vidéo rectifie le tir avec ce délicieux et touchant « My dear f****** friend » et nous offre enfin un film léger et sentimental de qualité qui devrait ravir la communauté gay mais aussi les autres, dépendamment bien sûr de leur ouverture d’esprit. D’ailleurs c’est le genre de film utile car il devrait aider à normaliser ce type d’histoire d’amour, par sa modernité, sa fraîcheur et sa justesse de ton derrière le vernis du conte de fées. Matthew Lopez réussit donc le tour de force, pas forcément aisé, de nous offrir un film aussi réaliste et juste que charmant et magique. En adaptant, le best-seller éponyme qui voit un prince britannique et le fils de la présidente des Etats-Unis s’amouracher, on peut dire qu’on a désormais une œuvre de référence en la matière, inclusive, juste et loin des clichés.
« My dear f****** friend » est une réussite à quasiment tous les points de vue. Bien sûr, il y a parfois un côté fleur bleue mais qui ne tombe pas pour autant dans le mièvre et qui correspond à ce que toute comédie romantique se doit d’être. On pourra rechigner aussi sur le côté woke très présent mais sur une œuvre de cet acabit c’est somme toute logique et, pour une fois, c’est amené de manière fine et pas trop propagandiste. C’est même une vision idéaliste du monde à laquelle on nous convie. Jugez plutôt : on est face à une Présidente démocrate issue du Texas mariée à un immigrant mexicain, son staff est très féminin, la diversité est représentée partout de la Première Ministre britannique à la garde du corps du fiston au meilleurs amis respectifs des héros, et être bi, gay ou lesbienne est traité de manière... tout à fait commune, comme si discrimination et homophobie n’existaient pas. Et c’est là que le film frappe fort, c’est une manière d’amener la tolérance sur laquelle devrait prendre exemple bien des producteurs plutôt que de nous asséner un wokisme sans queue ni tête ou tout le temps des œuvres tristes ou revendicatives sur le sujet.
Bien évidemment, le film ne serait pas aussi bon si le duo d’acteurs choisi pour nous faire rêver n’était pas aussi assorti et en osmose. A ce titre, Taylor Zakar-Perez et Nicholas Galitzine sont parfaits en tous points. On avait d’ailleurs vu ce dernier dans une romance hétéro l’an passé à la même période qui nous avait fait verser des larmes et nous avait tout autant charmé : « Purple hearts ». Le duo choisi ici fonctionne à merveille et nous conquiert totalement. Ils sont beaux, ils sont charmants et ils jouent parfaitement le coup de foudre et l’amour fou. On croit à leur romance grâce à leur complicité qui transpire l’écran et la qualité du film est similaire à la qualité de leur jeu, tous deux aussi à l’aise dans les moments comiques que dans ceux plus tristes. Et on a même droit à une scène de sexe aussi sublime et tendre que pudique. Lopez a réussi à être toujours dans la bonne mesure également dans ce domaine et à réaliser une comédie romantique avec deux hommes mais comme si c’était une histoire amoureuse classique.
Tout dans « My dear f****** friend » est donc présenté sans aucun côté revendicatif, comme si l’on vivait dans un monde où deux hommes pouvaient s’aimer sans controverse ou critique homophobe et ça fait du bien, ça change! Le contexte permet aussi de passer une petite critique des us et coutumes archaïque de la royauté britannique et également de verser dans la politique électorale américaine donnant à ce long-métrage une consistance plus sérieuse que prévue. Il y aussi beaucoup d’humour grâce à des seconds rôles bien campés (on pense à la garde du corps et à la conseillère en communication du fils de la Présidente). Uma Thurman, disparu des radars depuis une décennie ou régulièrement apte à se compromettre dans des navets, est excellente dans le rôle de cette dernière. Un film qui goûte un peu à l’excellente série danoise « Jeunesse royale » et qui nous réserve quelques moments cultes, entre émotion (la sublime scène du musée) et humour (quand les tourtereaux sont pris la main dans la sac lors d’un cocktail). Bref, c’est une magnifique surprise et un film à montrer au plus grand nombre pour montrer que l’amour n’a pas de limite.
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