Avec Le Grand chariot, Philippe Garrel a voulu faire un film en compagnie de ses trois enfants : Louis Garrel, Esther Garrel et Léna Garrel. Le metteur en scène explique : "Ils sont successivement devenus comédiens ces dernières années avec d’autres metteurs en scène (je n’aurais surtout pas voulu me les annexer en étant le premier à les engager). Je réalise que représenter sa famille est un plaisir habituellement réservé aux peintres. Mes enfants étant âgés de 22, 30 et 38 ans, il fallait que je trouve une raison pour qu’ils soient réunis à ces âges. J’ai pensé que j’allais dessiner une famille de marionnettistes comme il en a existé plusieurs, et comme il en reste quelques-unes."
"Quand j’étais petit, ces artistes qui étaient très pauvres me semblaient être des rois et je voulais faire un film qui, bien que né dans l’imaginaire, imite un documentaire sur cette corporation (C’est Jean-Luc Godard qui dit qu’une bonne fiction doit être aussi un documentaire sur quelque chose). Vous trouverez dans ce film l’idée que je veux voir dans la désagrégation d’une compagnie d’artistes marionnettistes, celle d’une métaphore d’un monde où meurent les traditions."
Le père de Philippe Garrel était marionnettiste, avant de devenir comédien, dans la troupe de Gaston Baty où officiait aussi Alain Recoing (père d'Aurélien, et qui était aussi le parrain du futur papa de Louis Garrel). Le cinéaste confie :
"J’ai écrit le scénario avec Jean-Claude Carrière, Arlette Langmann et Caroline Deruas. Nous nous retrouvions, les comédiens et moi-même, chaque samedi pour répéter toutes les scènes du film et aussi les extraits des spectacles de marionnettes. Gaston Baty a écrit ces scènes de répertoire, ainsi qu’Eloi Recoing, un des fils d’Alain Recoing. Gaston Baty faisait partie du Cartel avec Louis Jouvet, Charles Dullin, et Georges Pitoëff, il écrivait et donnait des représentations dans son théâtre de marionnettes."