Pourquoi un film qui part sous de très bons auspices, arrivant à rappeler un autre film marocain, l'excellent "Le miracle du Saint-inconnu", se transforme-t-il soudain en conte raconté puis filmé ne présentant guère d'intérêt ? Au début, on suit les pérégrinations de 2 lascars qui vont d'un village à l'autre dans le sud marocain, chargés qu'ils sont (du moins le prétendent ils !) de recouvrer chez des populations très pauvres l'argent de crédits engagés et non remboursés. C'est drôle, c'est fin, on se dirait chez le palestinien Elia Suleiman, voire chez Tati ou Kaurismaki. Et puis, un des 2 lascars se met à raconter une histoire, une espèce de conte impliquant un brigand local qui veut récupérer son épouse, et, de racontée, cette histoire devient filmée, changeant du tout au tout l'atmosphère du film, le transformant en une espèce de western sans grand intérêt. On connaît bien Faouzi Bensaïdi, comédien, réalisateur, on avait aimé "Volubilis", son film précédent en tant que réalisateur. On doit reconnaître que "Déserts", présenté à la Quinzaine des Cinéastes de Cannes 2023, nous offre un grand nombre de beaux plans-séquences, filmés en format scope, mettant en valeur la beauté des déserts marocains, mais pourquoi infliger aux spectateurs ce changement brutal de registre qui fait aller du bon au beaucoup, beaucoup moins bon et qui finit par faire un film beaucoup trop long ?