Attention, il existe deux versions du film ! Un remontage cinéma de 1h55, qui fut d’ailleurs joyeusement critiqué à sa sortie. Et une version labellisée « director’s cut » de 2h26, qui semble être devenue le montage officiel que l’on trouve dans la plupart des supports vidéo modernes. Cette critique porte sur la version de 2h26… et après le visionnage je n’ose imaginer le carnage dans la version de 1h55…
« The Sicilian » raconte l’histoire de Salvatore Giuliano, un bandit sicilien des années 40 aux airs de Robin des Bois. Qui voulait redonner la terre aux paysans, et l’indépendance à la Sicile. Un bon sujet, qui plus est basé sur un livre de Mario Puzo, l’auteur de la trilogie « The Godfather ».
Cela aurait pu donner un grand film, malheureusement Michael Cimino passe complètement à côté de son sujet. Le récit est brouillon, à moitié décousu, tandis que les dialogues raz-des-pâquerettes n’aident pas. On peine à ressentir l’ampleur ou la complexité des affaires, alors que le sujet est juteux. Entre la mafia, le gouvernement, les grands propriétaires, les communistes, l’Eglise, tous ont quelques-chose à gagner ou à perdre vis-à-vis de Salvatore. Mais tout ceci est traité très primairement.
Et c’est vraiment dommage. Il y avait des moyens, avec une jolie BO. Et un tournage en Sicile, qui offre quelques très beaux paysages. La photographie chaleureuse exploite avec adresse les extérieurs naturels, les villes, ou les intérieurs plus discrets. Les séquences de règlements de compte fonctionnent assez bien, même si on sent qu’elles sont expédiées.
Par contre carton rouge côté acteur principal. Autant le film se défend avec ses seconds rôles (John Turturro, Jass Ackland, Terence Stamp…). Autant le choix de Christophe Lambert pour incarner Salvatore Giuliano est incompréhensible. Je veux bien que tout le monde parle anglais alors qu’on est en Sicile, mais pourquoi prendre un acteur à l’accent français ? Et puis Lambert est beaucoup trop stoïque, je n’ai pas gobé une seconde qu’il était un bandit redoutable et torturé.
Il se murmure que Cimino voulait initialement prendre Daniel Day-Lewis. Mais que la production préférait un acteur plus bankable (c’était la période de gloire de Christophe Lambert), orientant le réalisateur vers Lambert. Même Cimino avouera regretter son choix.
Cela aurait sans doute été très différent avec Day-Lewis dans le rôle-titre, néanmoins vu ses défauts, « The Sicilian » serait resté un film bancal.