Avis sur The Bubble

The VIllages, c’est la plus grande communauté de retraités au monde, située en plein coeur de la Floride, on y dénombre pas moins de 155 000 résidents de 55 ans et plus.

Ils vivent en autarcie, dans une (gigantesque) bulle presque coupée du monde (ils ont leur propre journal, chaîne de télévision et même une station radio). C’est littéralement “une ville dans la ville”, la superficie de The Villages ne cesse de croître au fil des décennies (83 km², à titre de comparaison, Manhattan ne fait "que" 59 km²). Sur place, tout est fait pour que vous n’ayez pas besoin de quitter la ville, tout est accessible en voiturette (54 terrains de golf, 70 piscines, 96 centres de loisirs et plus de 3000 clubs sociaux).

Valerie Blankenbyl s’est rendue sur place pour tenter de comprendre comment et pourquoi ces milliers de retraités américains vouaient un culte à cette gigantesque maison de retraite. Au premier coup d’oeil, on jurerait être au paradis, ces maisons alignées & proprettes (et au gazon tondue au millimètre près), toutes identiques les unes aux autres, le soleil de la Floride, le sourire des résidents, ces golfs, piscines et voiturettes de golf, bref le décor est planté et on n’a pas envie de le quitter. Mais lorsque l’on gratte un peu le vernis, on découvre une toute autre réalité.

Digne de "Black Mirror", on se croirait dans un film d’horreur Sci-Fi au coeur d’une expérience sociale grandeur nature parfaitement flippante. Les ¾ des résidents (si ce n’est, l’intégralité), sont des vieux républicains, vous n’y verrez aucun brassage communautaire ou ethnique, ils sont tous riches, blancs et aiment les gros guns. La radio qui est diffusée h24 & 7j/7 dans les rues de cette ville tentaculaire est affiliée à Fox News et les retraités ne perdent jamais une occasion de parader en voiturettes pour soutenir leur candidat Donald Trump.

The Bubble (2021) met en lumière les méfaits du communautarisme, cet entre-soi (ou entre vieux, puisqu’il n’y a aucun résident de moins de 55 ans) replié sur lui-même. Ce paradis artificiel (qui dérègle les écosystèmes environnant, il n’y a même pas l’ombre d’un moustique, véridique !) est contrôlé de toute part, gardienné & vidéosurveillé. Une immersion terrifiante, doublée d'un cauchemar éveillé, comme si The Truman Show (1998) était devenu réel. Enfin, sur le même sujet, il existe aussi cet autre documentaire, Some Kind of Heaven (2000) de Lance Oppenheim.

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