Depuis longtemps, la réalisatrice jordanienne Darin J. Sallam se disait hantée par le traumatisme subie par une adolescente palestinienne en 1948 lors du commencement de la guerre israélo-arabe. Il lui était donc naturel de consacrer son premier long-métrage à cette histoire, qui débute pourtant dans une superbe lumière, dans un petit village, auprès de cette jeune fille au fort caractère qui refuse d'envisager le mariage (elle a 14 ans), souhaitant faire des études dans une grande ville. Le contraste, après 30 minutes de film est saisissant, alors que cloîtrée, elle va assister à des faits effroyables. Le film ne dévie pas d'un iota de son projet initial, à savoir celui de nous montrer uniquement ce que voit Farha, impuissante devant la cruauté humaine, dans un état de quasi claustrophobie. A ce moment-là, cependant, le récit est lesté de certaines longueurs, lesquelles épousent la situation d'attente et d'effroi dans laquelle se trouve l'héroïne. Il faut tout de même signaler que la réalisatrice utilise l'atmosphère sonore avec beaucoup de maîtrise, parvenant à créer un suspense digne d'un thriller, avec de plus un degré important d'imprévisibilité quant au destin de Farha. Le film a été choisi pour représenter la Jordanie pour l'Oscar du meilleur film international 2023.