Du crépitement sous les néons est très librement adapté (par Shérazade Khalladi et les réalisateurs Kevin Ossona et Fabrice Garçon, dits FGKO) du roman du même nom de Rémy Lasource, qui n'est autre qu'un policier toujours en activité écrivant sous un pseudonyme. Fabrice Garçon explique :
"À cette époque je cherchais des romans inspirants et je suis d’abord tombé sur le bouquin Bienvenue en banlieue de Rémy Lasource. J’ai vraiment accroché sur cette histoire qui raconte le quotidien d’un jeune flic qui débarque en banlieue, décrit avec humanité ce qu’il pouvait expérimenter, le meilleur comme le pire.
"C’était puissant. Et je lis un autre de ses livres, Du crépitement sous les néons, qui parle de banlieue, de prostitution, de traite d’êtres humains… C’est très réaliste et incroyablement documenté. Je commence à voir des images qui se créent dans ma tête et je me dis qu’il y a un truc à faire."
Du crépitement sous les néons est le second long de FGKO (Fabrice Garçon et Kevin Ossona) après Voyoucratie, une film sorti début 2018 qui abordait également la thématique de la délinquance.
Les réseaux de prostitution nigérians, qui existent en France, notamment à Paris et dans sa banlieue, n'ont pas encore été traités au cinéma. C'est la raison pour laquelle Kevin Ossona et Fabrice Garçon ont voulu mettre en lumière ce phénomène :
"Nous vivons une époque où des hommes au sens large continuent de décider du sort d’autres, uniquement pour servir leurs intérêts et sans la moindre compassion. Cela concerne les milieux les plus précaires mais c’est aussi le reflet de la société actuelle où l’homme tend à devenir une valeur marchande comme une autre, avec un prix."
Pour retranscrire ce milieu avec le plus de réalisme, les cinéastes se sont rapprochés de l’association MIST qui vient en aide aux victimes de la traite des êtres humains dans le milieu nigérian. Les réalisateurs précisent : "Ils font des maraudes, vont au contact de ces filles pour les extirper des réseaux, porter plainte contre les proxénètes, ils les mettent en lien avec des avocats."
"Nous avons pu échanger avec ces femmes, d’anciennes prostituées, victimes de la violence des réseaux qui ont partagé avec nous leurs périples depuis le Nigeria, à travers l’Italie, la traite, la violence, les addictions…"
"Elles ont même coaché nos comédiens pour la langue (le Pidgin) parlée dans le film par certains de nos protagonistes dont Tracy et Fulgence Mvemba."
Kevin Ossona et Fabrice Garçon voulaient faire un film qui imbrique le drame et l’action, tout en étant réaliste au maximum. Les deux metteurs en scène développent : "Confronter le rythme tendu d’un film noir à un noyau intime, qui se construirait peu à peu au cours de l’histoire."
"Au cœur, se trouve la relation entre les deux protagonistes. Dara est meurtrie par sa séparation avec sa fille ainsi qu’un passé marqué par la violence. Yann, abîmé, sur le fil du rasoir est un jeune homme violent, agressif qui peine à faire les bons choix quand il est poussé dans ses retranchements."
A noter la présence au casting du jeune comédien marseillais Idir Azougli, vu en délinquant dans Shéhérazade et Stillwater, ainsi qu'en policier dans Bac Nord.
Kevin Ossona et Fabrice Garçon ont à nouveau fait tourner Abel Jafri et Jo Prestia, qui les suivent depuis les premiers essais cinématographiques des deux réalisateurs : "Jo ne parlait pas espagnol donc on on s’est tourné vers le comédien Nacho Fresneda, vu chez Rodrigo Sorogoyen dans El Reino, en chef du gang espagnol, et on a fait de Jo son lieutenant, son responsable sécu."
"Abel fait partie des comédiens qu’on aime, qui apportent autre chose dans le cinéma français et avec lequel on aime travailler les personnages pour leur donner un caractère singulier et authentique."
Révélé au public grâce au succès de La Vie d’Adèle d’Abdellatif Kechiche, Palme d’or au Festival de Cannes 2013, Jérémie Laheurte travaille son jeu à travers de nombreux courts métrages et seconds rôles. Sa carrière prend un nouveau virage en 2021 lorsqu’il joue dans Paris Police, une création Canal+.
Tracy Gotoas incarne Dara, une jeune nigériane prisonnière d’un réseau de prostitution. A l'origine, Kevin Ossona et Fabrice Garçon voulaient travailler avec une vraie nigériane ne parlant pas français et qui aurait pu insuffler son vécu au personnage. Ils se rappellent :
Mais c’était très compliqué et les enjeux dramatiques de certaines scènes nous ont convaincus qu’il fallait trouver une vraie comédienne. Nous avons découvert Tracy dans L’Horizon, avant qu’elle tourne la série Braqueurs, et dès que l’on a fait les essais avec Jérémie, elle nous a scotché.
Le tournage du film a duré 25 jours et les réalisateurs avaient plus de 100 scènes à tourner (bien plus que pour Voyoucratie). Ils se souviennent : "Le tournage s’est fait dans des conditions difficiles avec beaucoup de décors et un nombre important de séquences à rentrer chaque jour."
"Pour ce film, on était clairement sur du cinéma guérilla. Même si on avait une équipe d’une trentaine de personnes hyper motivées, l’économie limitée du film nous a obligé à jouer avec les contraintes et trouver des compromis artistiques nous permettant de tourner selon le plan de travail établi."