Il y a tellement de films qui sortent aujourd’hui qu’il est facile d’en rater certains, dont le titre n’évoque pas grand chose, quand on n’a rien lu dessus ou quand ils n’ont pas cartonné au box-office. Par exemple, cet ‘Argylle’, titre mystérieux, passé inaperçu après avoir rapidement fait un flop aux USA, j’aurais pu très facilement passer à côté sans le remarquer…et je m’en serais voulu car s’il n’est pas nécessairement un grand film, c’est un film qui était très exactement ce que j’avais besoin de regarder à ce moment précis : un truc léger, un grand spectacle pétaradant qui ne s’embarrasse pas trop de prestations fiévreuses et pénétrées ou de décryptage sous-jacent…mais qui n’est pas trop con pour autant.. Au début, je ne savais vraiment pas à quoi s’attendre (vu que je n’avais rien lu dessus)...mais en dix minutes, la structure de base est posée et elle est tout à fait sympathique : une romancière casanière qui écrit des romans d’espionnage à la gloire de l’agent Argylle, héros aux muscles saillants et au sourire carnassier, est prise pour cible par une organisation secrète sous le prétexte que dans ses bouquins, elle révèle sans le savoir des éléments réels et compromettants sur leurs plans, et est sauvée in extremis par un espion bien moins glamour que son alter-ego de papier. Sur cette base un peu too much pour qu’on y croie, Vaughn improvise heureusement un organisme modèle de Spy-movie ludique, avec ses poursuites en voiture, ses cascades à couper le souffle, ses bagarres brutalo-marrantes qui témoignent de la Jackiechanisation terminale du film d’action occidental et le running-gag des bonds de la réalité à la fiction et au fantasme, auxquels carbure le scénario. Le meilleur dans tout ça, c’est que, afin de repousser le moment où on commencera à trouver le temps long et à estimer que Matthew Vaughn fait toujours un peu la même chose avec ses espions plus grands que nature mais toujours à la limite de la parodie, ‘Argylle’ tire des révélations de son chapeau à un rythme effréné, une autre, puis une autre, puis encore une autre, qui retournent la compréhension qu’on avait jusque là de ce qui se jouait à l’écran. On n’y croit pas beaucoup plus qu’au postulat de départ mais on s’en fout, on est lancé et ça fonctionne, c’est tout ce qui compte : ‘Argylle’ pastiche les codes du films d’espionnage et ne se préoccupe jamais de savoir si le résultat tient la route. Une telle positionnement pourrait le faire exploser en vol mais miraculeusement, les coutures ne craquent pas, peut-être parce qu’il fait preuve d’une extraordinaire coolitude, certes un peu datée (donc adaptée aux gens comme moi), mais qui m’a fait le même effet que le ‘Snatch’ de Guy Ritchie, ou même les premiers ‘Kick-ass’ et ‘King’s men’ du même Matthew Vaughn.