Holly : les secrets du tournage

Pendant le montage de son précédent film, Home, Fien Troch a eu envie d’une plus grande liberté, de faire un long métrage davantage détaché de la narration. La réalisatrice se rappelle : "Mon goût pour le comique de situation m’a amené à accumuler au fil des ans beaucoup d’idées de scènes comiques que je n’avais pas utilisées dans mes précédents films. Je cherchais simplement à les assembler et voir si je pouvais en faire un film. Mon partenaire Nicolas Leunen (qui s’occupe également au montage de mes films) a suggéré que j’avais besoin d’une arène pour les mettre en scène. C’est ainsi qu’est née l’idée d’une communauté en deuil après l’incendie d’une école."

Dans ce cadre, Fien Troch souhaitait montrer différentes petites scènes humoristiques qui soulignent une certaine absurdité dans les réactions des gens qui font face à un tel traumatisme : "Cela n’a pas fonctionné et le scénario est resté un grand méli-mélo, me poussant à abandonner cette idée. Toutefois, un personnage m’a toujours tenu à cœur : Holly, cette fille très ordinaire à qui l’on attribue soudain un talent particulier, dans une communauté très réceptive à ce qui est « surnaturel » à la suite d’un événement tragique. C’est ainsi que j’ai fini par construire tout le film autour d’elle."

La première graine du personnage d'Holly a été plantée il y a longtemps. Une femme âgée a raconté un jour à Fien Troch que son mari avait eu une crise cardiaque, mais qu’il avait été sauvé grâce à sa petite-fille de six ans. Elle l’avait trouvé et avait couru vers sa grand-mère en disant : "Grand-père dort par terre". "Ce qui m’a fascinée dans cette histoire, c’est que la femme ne cessait de féliciter sa petite-fille, répétant sans cesse qu’elle avait sauvé son grand-père. Alors que la petite fille elle-même pensait probablement : 'Je viens juste de dire que grand père dormait par terre'.

"C’est à partir de cette anecdote que j’ai commencé à me plonger dans les histoires de héros et de miracles. Et dans ces histoires, je vois généralement des gens qui se trouvent au bon endroit au bon moment, et qui deviennent soudain quelqu’un qu’ils n’auraient peut-être jamais été. C’est le cas de Holly : elle appelle l’école un jour pour signaler son absence, et c’est à ce moment- là que l’école brûle. À partir de là, elle « devient quelqu’un », et elle ne peut plus se sortir de cette situation."

Comme dans Home, les rôles principaux de Holly sont tenus par de jeunes débutants. Fien Troch explique comment elle a trouvé Cathalina Geeraerts, qui joue le rôle-titre : "Nous avons vu énormément de filles pour le rôle principal, et Cathalina a été l’une des premières à se présenter au casting. Elle nous a immédiatement impressionnés, elle était naturelle. Nous avons tout de même continué le casting pendant six mois, principalement parce que je n’étais pas encore tout à fait sûre de ce à quoi Holly devait ressembler. J’avais en tête une fille encore plus frêle."

"Mais finalement, nous avons opté pour le talent de Cathalina : je savais que je pouvais lui demander beaucoup, parce qu’elle savait vraiment jouer la comédie. Elle n’a même pas conscience d’être si douée - un peu comme Holly, en fait..."

Fien Troch a tourné tous ses précédents longs métrages avec le directeur de la photographie Frank van Den Eeden. La cinéaste confie : "Pour chaque film, il veut d’abord que je sache comment je le vois, puis il commence à y réfléchir. Et c’est vraiment fondamental pour moi. Il ne dit pas comment, selon lui, les choses devraient être faîtes, c’est à moi de les déterminer et ce n’est qu’ensuite qu’il s’y plonge et en fait quelque chose d’improbable. Il s’immerge complètement dans le monde que vous avez créé et cherche ensuite ce qui, visuellement, raconte le mieux l’histoire, sans ego."

"L’identité de mes films est largement déterminée par lui. Ce qui est bien, c’est qu’à la longue, on se connaît si bien que la communication se fait sans effort. Nous pouvons être honnêtes et directs l’un envers l’autre, même lorsque les choses ne vont pas bien, et parfois un simple regard suffit pour savoir ce que l’autre pense."