Laurent Geslin est un photographe animalier internationalement reconnu, qui s’est d’abord intéressé à la faune urbaine dans les capitales européennes (comme les renards à Londres) avant de se prendre de passion pour le plus grand félin d’Europe le lynx boréal. Lynx est son premier long-métrage : « Avec le cinéma, je peux raconter des histoires que j’avais du mal à raconter avec un appareil photo. Un tournage signifie davantage de complications mais en conservant mon regard de photographe, j’ai l’impression que je peux m’exprimer plus amplement. »
Le réalisateur a toujours été fasciné par le monde du vivant en général. Arrivé en Europe, il s’est lancé en quête d’images de lynx, un prédateur qui n’avait presque jamais été filmé. Il précise : « le lynx incarne une symbolique forte dans notre société très anthropisée. Il représente pour moi une sorte de « success story ». Dans le Jura, c’est un grand prédateur qui a été réintroduit par l’humain pour essayer de limiter les dégâts des herbivores sur la forêt. Et ce plan a marché. Il représente bien la solution « douce » d’une cohabitation entre notre monde et le monde dit « sauvage ».»
La contrainte majeure du tournage a été de trouver le lynx boréal ! Cet animal nocturne, rarement voire jamais filmé dans son milieu naturel, est très discret. Le réalisateur témoigne : « Pour mes photographies, il m’est arrivé de ne pas le voir pendant près de huit mois alors que je le cherchais quotidiennement. Mais au fil des années, j’ai compris petit à petit le comportement de certains individus ; j’ai opté pour du matériel léger ce qui facilite grandement les déplacements en montagne quand on doit suivre un animal dans la neige pendant six heures. » Au final, le tournage de Lynx a duré un an et est l’aboutissement de neuf années d’observation de l’animal.
Toutes les scènes que l’on voit dans le film ont été vécues par le réalisateur mais réparties sur une chronologie différente : « Je voulais donc regrouper mes années d’expérience et d’anecdotes pour raconter la vie d’un seul lynx. L’histoire est donc scénarisée mais sur un fond véridique. Je ne voulais pas inventer une histoire qui ne soit pas crédible, ni tomber dans l’anthropomorphisme. »
Le lynx est une espèce protégée aux niveaux national et européen. Sur la Liste rouge de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) France, il est classé « en danger ». La population de lynx en France est très vulnérable compte tenu de son faible effectif et de sa fragmentation. En France, c’est dans le Jura que l’on trouve la population française la plus importante et la plus active sur le plan démographique. On y compterait entre 80 et 100 lynx.