Le producteur Petri Jokiranta et le scénariste et le réalisateur Jalmari Helander se sont rencontrés en 2008. Après avoir collaboré sur leurs deux premiers films, Père Noël Origines (2010) et Big Game (2014), ils ont estimé qu’il était temps de développer un projet pour un public plus adulte. "Jalmari voulait revisiter ses rêves d’enfance et tourner un film d’action, façon eighties, mais en Finlande. Il avait l’idée d’une histoire de survie, centrée autour d’un seul homme qui refuse tout simplement de mourir", se rappelle le premier.
Depuis qu’il a découvert Rambo, Jalmari Helander avait l’ambition de tourner un film d’action finlandais avec Petri Jokiranta. Lorsque leur nouveau projet a dû être interrompu en raison de la pandémie de Covid-19, les deux hommes ont décidé de s’atteler à un long métrage pouvant être entièrement tourné en Finlande avec une équipe recrutée sur place.
Helander a alors pris le temps d’écrire le scénario dont il avait toujours rêvé : en moins de deux mois, la première mouture de SISU était finalisée : "Le postulat de départ est le même que dans Rambo : un homme endurci affronte, seul, la nature sauvage et un ennemi redoutable. SISU ne se prend pas trop au sérieux, mais l’atmosphère est sombre et violente."
Après avoir dirigé Jorma Tommila dans Père Noël Origines et Big Game, Jalmari Helander a appelé le comédien très en amont pour lui proposer le rôle d’Aatami. Après s’être produit au théâtre pendant quelques années, Jorma était heureux de retrouver les plateaux de tournage. Il se rappelle :
"Jalmari m’a envoyé le scénario et j’ai tout de suite été captivé. L’histoire était formidable et je me disais qu’on allait prendre beaucoup de plaisir pendant le tournage, surtout avec Jalmari. J’ai décelé un entêtement et une certaine détermination chez Aatami qui nous caractérisent également, Jalmari et moi."
S’il s’est d’abord demandé s’il était en mesure d’incarner un rôle aussi physique, Jorma Tommila a considéré qu’il était apte à relever le défi et a commencé à s’entraîner. Mais sa préparation n’était pas seulement physique. L'acteur précise : "Je me suis intéressé aux chercheurs d’or et à des situations où un homme, seul, pouvait se retrouver cerné et attaqué de toutes parts."
"Je me suis aussi documenté sur l’histoire de la Laponie, à la dimension émotionnelle et spirituelle du pays, et j’ai cherché à m’immerger dans ces paysages et cette culture. Mon père a fait la guerre, si bien que, grâce à lui, j’ai compris ce qu’on pouvait ressentir dans ce type de contexte, mais mes recherches m’ont permis de mieux me projeter dans certaines phases de sa vie."
C’est en découvrant le film norvégien Headhunters (2011) que Jalmari Helander a souhaité travailler avec Aksel Hennie. Dans ce thriller tendu, l'acteur joue un voleur de tableaux poursuivi par un ancien mercenaire campé par Nikolaj Coster-Waldau.
SISU a été tourné en Laponie, en automne, une saison idéale pour mettre en valeur les paysages de la région. Jalmari Helander se souvient : "La nature de la Laponie en automne se pare de couleurs vives, qui ne durent que quelques semaines, et on voit très rarement cet aspect de la région au cinéma."
"Quand on choisit des lieux de tournage avec soin, on n’a pas besoin de construire des décors très coûteux pour avoir des images spectaculaires. Le tournage a été très difficile d’autant que certains sites ne sont pas accessibles par la route. Par chance, les habitants du coin nous ont accueillis chaleureusement."
Il y avait un inconvénient à tourner en Laponie : les températures glaciales et le vent très fort auxquels les comédiens ont dû s’adapter rapidement. Jorma Tommila témoigne : "Par moments, il faisait si froid que nos muscles étaient tous raides et qu’on avait la peau gercée. La Laponie n’est pas une terre de tournage. Les paysages sont sublimes à l’image, mais c’est un milieu très rude."
Si le vent, incessant, soufflait à près de 100 km/h la plupart du temps, une nuit est restée gravée dans la mémoire des comédiens : celle où le vent s’est enfin calmé et où les scènes de la pendaison d’Aatami ont pu être tournées. Jack Doolan confie : "Ça peut avoir l’air un peu macabre et tordu, mais j’avais vraiment aimé cette scène. J'ai eu le sentiment de profiter de ces moments."