Anzu, chat-fantôme : les secrets du tournage

Ce film est présenté à la Quinzaine des Cinéastes au Festival de Cannes 2024.

Anzu, Chat-fantôme est adapté d’un manga de Takashi Imashiro et dont les réalisateurs ont souhaité rester fidèles, en reprenant notamment l’aspect du chat qui se trouve dans le livre. En revanche, si Anzu reste le héros du récit, les deux réalisateurs ont inventé d’autres personnages pour les mettre en interaction avec le chat.

Pour réaliser Anzu, Chat-fantôme, Yoko Kuno et Nobuhiro Yamashita se sont inspirés du travail de Takeshi Kitano, Aki Kaurismäki et Jim Jarmush sur le découpage "simple" de leurs films. Pour Yoko Kuno, qui rêvait de se tourner vers l’animation, elle a été grandement influencée par Totoro de Miyazaki ou les oeuvres de l’artiste russe Iouri Norchteïn comme Le Hérission dans le Brouillard ou Le Conte des Contes.

Le personnage de Karin est inspiré par le film en prises de vues réelles intitulé Le Déménagement de Shinji Sômai en 1993, l’histoire d’une jeune fille dont les parents sont plein divorce et qui cherche par tout les moyens d’éviter ce drame.

Contrairement aux Yokai traditionnelles des légendes japonaises — créatures surnaturelles — celles du film et du manga ne sont pas porteuses d’une charge érotique ou effrayante : " Dans notre histoire, il s’agit de Yokai un peu ratés, de seconde catégorie pour ainsi dire ! Et c’est ce qui les rend amusants", comme le confie la co-réalisatrice Yoko Kuno.

Le scénario de Anzu, Chat-fantôme a mis six ans à être écrit par Shinji Imaoka afin d’octroyer toute la complexité aux différents personnages.

Le film a d’abord été tourné en prises de vues réelles sous la direction seule de Nobuhiro Yamashita avant qu’il n’en réalise le montage. Très peu de prises ont été nécessaires mais certains acteurs ont pu être dirigés différemment selon leurs personnages : "J’ai parfois demandé aux acteurs qui jouaient les Yokai et les deux petits garçons d’exagérer un peu leur jeu, afin que cela corresponde au traitement graphique plus caricatural de ces personnages", confie le co-réalisateur.

Ce n’est qu’après ce travail intense que les meilleurs plans ont été sélectionnés afin de les transformer en animation. Un procédé qui s’appelle la rotoscopie. Néanmoins, certaines scènes d’action comme la course-poursuite ou les petits esprits de la forêt ou les animaux qui transmettent des messages aux Yokai ont été directement fait en animation.

Anzu, chat-fantôme est une création franco-japonaise, à commencer par l’équipe des décors emmenée par Julien de Man. Le procédé était un peu particulier car les environnements étaient filmés ou photographiés en prises de vues réelles puis envoyés aux décorateurs : "Je précise aussi que certaines scènes de nuit ont été photographiées et filmées en réalité pendant la journée, ce qui a contraint Julien à retravailler les images que nous lui fournissions, pour leur donner un aspect nocturne", raconte la co-réalisatrice.

L’acteur et danseur très célèbre au Japon Mirai Moriyama a joué Anzu pendant le tournage en prises de vues réelles. Yoko Kuno et Nobuhiro Yamashita ne souhaitaient pas utiliser un enfant pour le rôle puisque le chat-fantôme a … 37 ans dans le film !

Sur le tournage en prise de vues réelles, des événements imprévus ont pu inspirer le futur rendu en animation, comme le raconte Yoko Kuno : " Au cours de la scène avec le dieu du malheur, par exemple, nous avons ajouté une mouche sur sa jambe, parce que pendant les prises de vues, une fourmi est montée sur la cuisse de l’acteur qui jouait ce personnage", dit-elle avant de poursuivre : "Et cela nous a ravi, car nous nous sommes dits que cela ressemblait encore plus à ce que l’on voit quand on se trouve réellement à la campagne. Nous en avons profité, mais en transformant la fourmi en mouche".

Anzu est plus grand et plus imposant que Karin. Une volonté de la part des réalisateurs car, selon eux : " S’il avait été plus petit qu’elle, on aurait pu avoir l’impression que Karin maltraitait un animal domestique lorsqu’elle se met en colère".

Yoko Kuno aurait voulu explorer davantage l’histoire et la trajectoire du dieu du malheur, mais pour des soucis de durée du film, elle a fait le choix avec Nobuhiro Yamashita de lui donner une moindre importance.

La société de production Française Miyu était en passe de produire un court-métrage de la réalisatrice Yoko Kuno quand la société japonaise Shin-Ei Animation les a contacté pour un long-métrage réalisé par Nobuhiro Yamashita mais aussi, par pure coincidence, par Yoko Kuno !