Le film a été présenté à l'ACID au Festival de Cannes 2021.
Né en Bulgarie, Simon Coulibaly Gillard a grandi en Bretagne. Il s'est rendu pour la première fois sur le continent africain en 2005. Il n'a depuis cessé d'y retourner avec une caméra, dans des zones rurales éloignées et avec des ethnies à la langue, à l’histoire et à la religion spécifiques : les Dioulas du Burkina Faso, les Peuls du Mali, les Mossis du Burkina Faso et les Avikams de Côte d’Ivoire. C’est sur son premier tournage au Burkina Faso qu'il a rencontré Lassina Coulibaly, qui est devenu son assistant et collaborateur sur chacun de ses films. "À ses côtés, j’ai aussi gagné un patronyme – Coulibaly – par lequel tous m’appellent désormais, dans la tradition des « cousinages à plaisanterie » ouest-africaines."
C'est par le biais des récits de son assistant Lassina Coulibaly, qui avait vécu en Côte d'Ivoire, que Simon Coulibaly Gillard a eu envie d'y tourner un film. "Aya poursuit donc un geste de cinéma et de rencontre démarré avec Anima, mon premier court métrage." C'est par hasard qu'il a découvert Lahou. Arrivé à Abidjan, il a acheté une voiture d’occasion. Le lendemain, alors qu'il s'apprêtait à faire 6000 km de route, sa voiture est tombée en panne au bout de 250 km. Immobilisé pendant 10 jours, il s'est mis à explorer les alentours et a découvert Lahou.
La situation de Lahou décrite dans le film est tristement réelle : les côtes de cette fine bande de sable, prise entre l’océan et un fleuve, s’érodent peu à peu. On observe directement à Lahou l’effet de la montée des eaux : l’isthme autrefois large de 2 kilomètres mesure plus que 200 mètres de large. Le village historique de Lahou s’efface chaque jour un peu plus. "J’ai vu de mes propres yeux un quartier de plus de 150 maisons disparaître. Sur Google Maps, on peut encore voir le quartier d’enfance d’Aya, qui a été englouti depuis la dernière prise de vue, comme tant d’autres avec lui", témoigne le réalisateur.
"Je n’ai pas choisi Aya, c’est la caméra qui l’a choisie", affirme Simon Coulibaly Gillard. Alors qu'il filmait des pêcheurs, Marie-Josée Degny Kokora est apparue dans le fond du cadre. Le réalisateur se souvient : "L’objectif a été attiré par elle, mutique et découpée dans la lumière. Je l’ai filmée et elle est rentrée dans la caméra." Après avoir cherché dans le village pendant 15 jours le visage de son film, il a réalisé que c'était elle son héroïne : "Nous avons fait des essais ensemble et tout fonctionnait : son espièglerie, son plaisir à jouer, son désir d’être dans le film."
Aya est à la frontière entre le documentaire et la fiction. Simon Coulibaly Gillard s'est nourri de ses acteurs pour écrire son film et leurs personnages. C'est à partir d'eux que s'est construit le film, il s'agit pour le réalisateur de remettre en scène la réalité. "Les personnages deviennent les acteurs de leur propre vie. Le décor, l’environnement, les gestes du quotidien, s’intègrent à une structure narrative simple et solide capable d’accueillir le réel et ses imprévus."