S. Kapanoglu a la différence de son compatriote cinéaste Nuri Bilge Ceylan est beaucoup moins connu dans l'hexagone.
Pourtant, si en effet sa filmographie est moins fournie, il fut tout de même récompensé d'un Ours d'or à Berlin avec "miel" troisième partie de son triptyque qui est resté dans les mémoires, ( en tout cas, dans la mienne) par ses immenses qualités.
Quasiment disparu depuis à ce niveau de maîtrise, il nous revient avec ce film formidable qu'est " les promesses d'Hassan".
Malheureusement sorti dans peu de salles, c'est pourtant une réalisation de tout premier ordre qui n'a pas grand chose à envier au film le plus titré de Ceylan "winter sleep" (selon moi le chef d'oeuvre de Ceylan est "usak", mais peu importe) qui on le rappelle obtint la palme d'or à Cannes.
Le canevas thématique entre " winter sleep" et " les promesses d'Hassan" trouve des points de correspondance. Dans les deux cas, les réalisateurs, par petites touches, au détour d'un dialogue, d'un échange nous donnent à voir la vérité du personnage principal.
Sortes de chroniques de petites saloperies, de mesquineries ordinaires commises à l'égard de voisins, de connaissances, de son frère, qui font du héros un individu assez peu recommandable au plan de la perfection morale ( malgré son pèlerinage à La Mecque prévu avec son épouse).
Le cinéaste semble nous dire : " qu' Il faut certes du courage pour demander pardon, mais qu' il serait mieux de soigner ses relations avec ceux qui nous entourent ; d'autant que parfois les circonstances sont telles, que le pardon n'est plus possible et renvoie chacun, à jamais, avec le poids de la culpabilité.
On sait depuis son triptyque que Kapanoglu sait filmé les détails de la vie, les décors, la nature, comme s'il voulait attirer notre attention sur la beauté qui nous entoure et dont l'individu pressé ou blasé, ne prend pas suffisamment le temps d'admirer ; " les promesses d'Hassan " propose ainsi une photo particulièrement soignée.
Le scénario et les dialogues sont très bien écrits et le réalisateur sait entre deux échanges accorder au spectateur des moments de silence, de contemplation, de respiration.
Ainsi, pour ma part, je n'ai pas ressenti de longueur dans ce film de 2h20 environ, que je trouve d'un degre d'accomplissement formel exceptionnel.
Malheureusement sorti dans peu de salles et en période estivale, il est vraisemblable qu'il ne trouvera pas son public.
Les amateurs du cinéma de Nuri Bilge Ceylan et de cinéma d'auteur, ne doivent pas manquer ce film, recommandé très justement dans la rubrique " conseils" du masque et la plume, car c'est aussi, selon moi, une réussite majeure.