La réalisatrice Catherine Corsini affectionne particulièrement deux types de plans :
- Deux pieds qui tentent à eux deux de se défaire de leurs chaussures (La Nouvelle Eve et La Répétition).
- Deux personnes sont allongées dans un lit. L'une dort, tourne le dos à l'autre, qui la regarde, fasciné. Dans le cas de La Répétition, il souligne l'identification de Louise par rapport à Nathalie. Un plan similaire était également présent dans La Nouvelle Eve, et la cinéaste en prévoit un dans Renée, son septième long-métrage.
La toute première scène du film, dans laquelle Louise et Nathalie, petites filles, dansent sur Cherchez le garçon de Taxi Girl, a une connotation très ironique compte tenu du thème du film : il traite en effet de la relation ambiguë et passionnelle de deux femmes.
Bien que les critiques accusent souvent Catherine Corsini d'utiliser les personnages masculins pour "faire-valoir" dans ses films, ses acteurs n'en ont pas peur. Dans La Répétition, notamment, quatre acteurs se sont prêtés au jeu : Sami Bouajila, que la cinéaste qualifie d'"excessivement fin", Dani Levy, célèbre metteur en scène allemand, Jean-Pierre Kalfon, qui l'avait émue dans L' Amour par terre de Jacques Rivette, et enfin Pierre-Loup Rajot, qui tenait le premier rôle masculin de son précédent film La Nouvelle Eve, et qu'elle a recontacté pour le (second) rôle du conseiller culturel de la conférence de presse.
Avec La Répétition, Catherine Corsini a fait appel pour la première fois à des compositeurs. Pierre Bondu et Fabrice Dumont en ont assuré la bande originale. Cependant, l'on peut retrouver, dans ce film, des extraits musicaux de tubes des années 90 : C'est l'amour de Leopold Nord, ou encore Cherchez le garçon de Taxi Girl.
Dans la même version commentée DVD de La Répétition, la cinéaste avoue que pour la scène où Emmanuelle Béart déjeune, elle a fait plusieurs prises. Elle tenait à ce que la comédienne soit dans l'état d'esprit nécessaire qu'imposait cette séquence : de l'anxiété, une douleur rentrée. Elle en parle comme de son côté "pervers" avec les acteurs sur le tournage.
Dans La Répétition, le personnage de Nathalie évoluant dans le milieu du théâtre, l'on peut entendre des extraits de textes théâtraux : ceux de La Cuisinière Cannibale, de Roland Topor, ou encore ceux de Lulu, de Frank Wedekind.Par ailleurs, la cinéaste a manifesté son regret de ne pas avoir tourné les scènes de théâtre dans le film telles des scènes de théâtre, pour les filmer ensuite. Elle regrette donc de ne pas avoir fait suffisamment de... répétitions.
Les scènes successives du film ne se sont pas forcément déroulées dans la même ville : en effet, le plateau a oscillé entre Copenhague et Paris pour la plupart des prises du film.
L'ombre du film Les Biches de Claude Chabrol plane sur l'une des scènes du film (c'est Catherine Corsini elle-même qui l'a avoué sur la version commentée du DVD) :Dans sa maison quelque peu gothique, Nathalie entretient un rapport sexuel avec l'un de ses partenaires de théâtre, observée par son amie Louise.
Le film de Claude Chabrol traite d'un thème assez similaire : une relation ambiguë entre deux femmes, dont l'une, rôdant dans les parages, observe l'autre faire l'amour.
Trois scènes de La Répétition ont été coupées au montage.
La première se situe dans une fête foraine, lors des retrouvailles entre Nathalie et Louise : elles s'y rémemorent leur enfance.
La seconde est un déjeûner entre Sami Bouajila, Emmanuelle Béart et Pascale Bussières.
Et la troisième se déroule à l'hôpital, où Louise vient se "racheter" auprès de Nathalie, souffrant d'une péritonite.
Par ailleurs, la cinéaste avait également tourné quelques séquences avec Louise et Nathalie enfants, ainsi que des scènes de quotidien du couple Sami Bouajila/Pascale Bussières, pour les abandonner dans la version définitive de son film.
Contrairement à ses habitudes, Catherine Corsini a beaucoup déployé l'improvisation sur le tournage de ce film.
1)Tout d'abord, la deuxième scène, dans laquelle les héroïnes font du vélo, devant une digue.
2) Après le restaurant, Louise raccompagne Nathalie à l'hôtel. Elles traversent les piétons, et Emmanuelle Béart, voyant une voiture arriver à toute allure, a spontanément dit : "Don't écrase my Friend". Une réplique totalement inattendue, donc, mais gardée au montage.
3) Il y a une séquence où Louise et Nathalie marchent toutes les deux dans la rue, sur une musique originale. La musique, ici, suggère leurs retrouvailles. Une chose très rare dans la carrière de la cinéaste, qui semble préférer le dialogue.
4)La scène où Louise court dans la rue, allant retrouver Nathalie, s'est décidée de manière improptue. Une scène délicate pour la comédienne Pascale Bussières, puisqu'elle était enceinte de deux mois.
Lors de la post-production de La Répétition, Catherine Corsini avait hésité à mettre des sous-titres "10 ans plus tard" dans son film, puisque d'une scène à l'autre, l'on est propagé dix annnées plus tard. Elle a finalement abandonné cette idée, jugeant son film suffisamment "parlant".
Dans les premières scènes du film, durant lesquelles Louise et Nathalie font du théâtre amateur durant leur adolescence, l'on peut observer un papier peint très coloré au fond de la scène. Lors du montage, la cinéaste Catherine Corsini a réalisé que durant ses années adolescentes, durant lesquelles elle-même faisait du théâtre, il y avait exactement le même papier peint lors d'une représentation théâtrale à laquelle elle avait participé. Elle ne s'en était pas rendue compte lors du tournage... "Comme quoi, l'inconscient est très présent" dit-elle.
Sur le DVD de La Répétition, dans la version commentée par Catherine Corsini, sa réalisatrice, cette dernière explique que, pour la dernière scène, dans laquelle Nathalie (Emmanuelle Béart) marche sur les piétons du Paris nocturne, elle tenait à un temps de pluie, pour souligner le regard bouleversé du personnage, comme si il voyait "sa vie s'écouler devant lui".