« Parvana » développait déjà les restrictions liées à la gent féminine en Afghanistan. Mais ce ne sera pas par l’unique prisme d’une enfant, qui force son émancipation que l’on abordera les traditions qui règnent à Kaboul, mais bien par l’unité d’une famille, qui se brise peu à peu entre amour et fraternité. Michaela Pavlatova adapte le roman « Freshta » de Petra Procházkova, autrice qui a eu une carrière de journaliste et qui alimente son récit d’expériences personnelles, au cœur d’un mode de vie, qui tranche avec l’Occident. La cinéaste tchèque opte pour une animation 2D, peu stylisée, afin que l’on se concentre sur les personnages et les enjeux qui les entourent. Il est question d’une héroïne, à la peau blanche, mais pas seulement. Sa vivacité et son instinct maternel lui permettent de guider sa famille vers le bonheur, chose que chacun recherche à sa manière.
Herra quitte rapidement Prague, en suivant l’amour de sa vie Nazir, avec qui elle devra partager et se soumettre aux coutumes patriarcales et régressives d’une nation post-talibans. Le tour de table réchauffe alors le cœur, sachant qu’il existe assez de souplesse pour exister au sein d’une famille, qui dépendant de la religion et des échos politiques, jusque dans leur chambre à coucher. En témoigne, une nuit de noces ambiguë, où l’on ne saurait affirmer si l’époux agit par amour ou par fierté. C’est à partir de là que les hommes perdent le contrôle sur les femmes, puis sur leur propre famille. Ce monopole de la masculinité est un fléau qui oppresse, voire humilie, évidemment les femmes de leurs droits et leurs libertés, d’expression et d’apparence. Le récit ne s’amusera pas à jouer la comparaison entre les cultures, mais soutient plutôt l’idée de contradictions au sein même de ceux qui les peuplent.
La stérilité d’Herra lui offre cependant l’opportunité de trouver un rayon de soleil dans ce mode de vie qu’elle ne rejette pas entièrement. Le jeune Maad souffre de difformité, mais sera à même de transmettre toute son intelligence et sa maturité à ses parents. Il devient ainsi l’extension de son grand-père, un patriarche bienveillant, qui se trouve être la personne ayant plus de recul sur la situation des femmes ou sur la prospérité d’une famille, qui ne dépend malheureusement plus de lui. Celui qui aura donné son sang et une partie de sa descendance est également placé en retrait, jusqu’à ce qu’il ne reste que les cendres de sa volonté, éparpillées aux quatre coins du foyer. La crise familiale multiplie alors ses exemples, où Nazir peinent à trouver un travail décent, de même qu’Herra, qui attire les regards et sans doute la convoitise. La jalousie a de quoi troubler la vision de son époux, qui se rendra également compte des barrières qui le sépare de sa bien-aimée.
« Ma famille afghane » (My Sunny Maad) déclenche une sorte d’ouverture d’esprit, sur la raison et la religion orientale, qui n’épargne pas les femmes dans leur ensemble. La plupart finissent par devenir une valeur marchande dès leur plus jeune âge, dans le but d’honorer un clan, qui ferme la porte à la confiance. Pavlatova parvient alors à donner un sens au mouvement, de ces individus enchaînés, qui ne pensent qu’à élever leur condition et à préserver un peu plus longtemps ce fantasme magique du bonheur, qui leur tend le bras. La chronique a également le mérite d’être accessible, pour les plus jeunes, à partir de moment où l’humanité sera signifiante à leurs yeux.