On pourrait facilement le relier à ‘Princesse Mononoke’, avec lequel il partage un esprit de Fantasy animiste, des chevaucheurs d’animaux sauvages et une mystérieuse épidémie représentée par des éruptions de fluide noire peu ragoutantes. Masashi Ando a d’ailleurs travaillé chez Ghibli, plus particulièrement sur ‘Princesse Mononoke’ justement, mais aussi sur d’autres projets dans d’autres studios, ce qui fait que si son style évoque parfois telle ou telle célèbre production japonaise, il n’est la simple copie-carbone d’aucune d’entre elles. Ce qui plaît avant tout, c’est la découverte d’un univers Fantasy inédit, avec ses règles, ses contrées sauvages, sa magie et ses créatures, dans lequel on a terriblement envie de se plonger. ‘Le roi cerf’ ne choisit d’ailleurs pas la facilité car il se montre peu disert sur les questions philosophiques et spirituelles qui étreignent les protagonistes de l’aventure (comme dans beaucoup d’Anime japonais, ceci dit) et développe au contraire une toile touffue de royaumes et d’empires, de liens de vassalité et de relations géopolitiques, de sociétés secrètes et de religions, qui enrichissent considérablement l’univers mais le rendent aussi parfois un peu compliqué à aborder frontalement en si peu de temps. De même, il ne réussit pas non plus à rendre ses héros très attachants, tous sérieux, taciturnes et pénétrés au plus haut point de l’importance de leur quête, raison pour laquelle il rabat toutes ses cartes de mignonitude sur une adorable petite môme de trois ou quatre ans. En revanche, autant pour les paysages naturels que pour les animaux, pour les structures humaines, les palais, les zeppelins primitifs, les villages de montagnes, les costumes folkloriques ou les armures des combattants, qu’est ce que ‘Le roi cerf’ est beau, bordel ! C’est même probablement la production d’animation “traditionnelle” la plus séduisante et la plus perfectionniste de l’année dernière, un tout petit cran plus sérieuse et réaliste visuellement que celle des productions Ghibli du même ordre.