Joe Johnston semble tout indiqué afin de succéder à Steven Spielberg au pays des dinosaures. Tout indiqué, uniquement si l’on se réfère à sa filmographie particulièrement familiale. De « Chérie, j'ai rétréci les gosses » à « Ciel d'octobre », en passant par « Jumanji », il tente désespérément de récupérer l’atmosphère du premier opus, sans jamais l’atteindre. Sans support écrit, il est obligé de créer du neuf avec des passages non utilisés tirés du bouquin de Michael Crichton. La formule ne convient pas car on perd cette saveur nostalgique et on se trouve lancer dans une aventure, contre notre gré, à l’image du docteur Alan Grant (Sam Neill).
Sur un autre point qui fâche, l’effet de surprise se voit amputer de son efficacité avec le temps. Alors que le premier volet proposait des prouesses techniques innovants, il arrive qu’à un moment, la banalisation de cette découverte stagne. On semble avoir atteint ce point et malgré ce degré de divertissement manquant, la déception est de nouveau présente. Penchons-nous un moment sur les références du Monde Perdu. Le tyrannosaure est un emblème irréfutable de cet univers. Montrer, dès les premiers pas en terres hostiles, que le réalisateur a le « devoir » de tourner la page, il met en place le spinosaure. Plus grand, plus intelligent et encore moins docile, le roi de la chaine alimentaire de l’île, c’est bien lui. Mais alors, pourquoi donc ne sommes-nous pas « effrayés » par la créature ? D’une part, la technologie CGI est un acquis qui ne sert plus de divertissement, mais comme une ligne narrative au niveau visuel. D’autre part, ses apparitions sont rapidement désamorcées. Plus on en voit, moins on la craint. Ce qui pêche par-dessus tout, c’est la mise en scène de la bête dans sa chasse. A aucun moment, elle ne semble crédible, tout comme les touristes humains ou comme une sonnerie qui aura vite fait de l’enterrer dans comédie burlesque.
Ce n’est pourtant pas le souci, car au fur et à mesure que l’on avance, Johnston propose énormément de rebondissements. Cependant, n’est-ce pas du déjà vu au sein de la saga ? Beaucoup de scènes sont pompées à celles de Spielberg ne sont pas aussi savoureuses que l’on attendait. Le scénario représente ainsi la plus grosse faiblesse de cette suite. Bien accompagnés, les héros se voient tout de même privés de toute leur crédibilité, faute de mercenaires survendus. Quant au jeune Eric Kirby (Trevor Morgan), un MacGuffin mal négocié, il ne prétend plus à rechercher l’aventure. Il la rejette, tout comme la théorie du chaos qui est à l’étude. Seuls subsistent les raptors, réels engouements de chaque escapade.
« Jurassic Park III » ne parvient pas à se mettre à la hauteur du géant Spielberg. Il brise un bon assortiment de références qui ne fait pas l’unanimité. On ne prend plus le temps de réfléchir et le film épouse le blockbuster type, dépourvu de bon sens. La photographie a également tendance à se relâcher et on préfère insérer les gags à gogo, qui ne se digèrent pas aussi bien que les repas des dinosaures… Et bien que la bonne intention soit présente, elle ne suffira pas à combler un manque cruel de rigueur scénaristique qui prolonge l’effondrement du cultissime premier volet !