Soraya et Walid ont décidé de quitter Beyrouth et sa pollution pour s’installer dans une maison de famille sur les pentes désolées du Mont-Liban. Là, avec la mère de Walid, dont les poumons ne supportaient pas l’air empuanti de la capitale, et leurs deux filles, Tala et Rim, ils ont construit un phalanstère auto-suffisant qui suffit à leur bonheur.
Mais la construction d’une décharge sous leurs fenêtres va venir briser le fragile équilibre de cet éden familial et rouvrir les fractures qu’il avait réussi à combler.
Le carton sur lequel s’ouvre le film nous dit que son action se déroule au Liban « dans un futur proche ». Pourtant, son action n’a rien de futuriste et pourrait tout aussi bien se dérouler de nos jours dans un pays dont on sait, même si on n’y est jamais allé, qu’il est gangrené par la maladministration. L’explosion qui ravagea le port de Beyrouth en août 2020 y est évoquée ainsi que la crise des poubelles : faute de décharges, les poubelles s’accumulent régulièrement dans les rues de Beyrouth, attirant les rats et provoquant des maladies.
Soraya et Walid forment en apparence un couple soudé. Ils se sont rencontrés quelques années plus tôt, à Beyrouth, dans les manifestations. On les imagine volontiers insoumis, anticapitalistes, écologistes sans compromis. C’est le cas de Walid dont l’intransigeance l’a peu à peu enfermé dans des choix de vie radicaux. Soraya (interprétée par la lumineuse Nadia Labaki, la réalisatrice de "Caramel" et de "Capharnaüm") est plus ambiguë. C’est une ancienne star de la chanson qui, malgré l’amour qu’elle porte à Walid et les valeurs qu’elle partage avec lui, regrette sa vie passée, la vie urbaine, les rencontres et les échanges qu’elle autorise.
Le couple formé par Soraya et Walid résistera-t-il aux nuisances visuelles et olfactives créées par la décharge en construction ? C’est l’enjeu de l’intrigue qui se déroule sous les yeux de leurs deux filles. À neuf ans, Rim est encore une enfant tout entière inféodée à son père et à son combat. Tala à dix-sept ans est moins entière, qui succombe à l’attraction que suscite en elle le bel ingénieur en charge du chantier. Et la grand-mère revendique avec une ironie contagieuse le droit de vivre librement ses derniers jours.
Malgré une interprétation sans faille, "Costa Brava, Lebanon" (quel titre déconcertant qui aurait mieux convenu à un film de plage que de montagne !) gâche un beau sujet par une mise en scène languissante et un scénario qui manque de rythme.