Trouble Every Day est un récit sur les obsessions malades, les croissements de possessions et de consentement sont donc plus qu'observé afin d'en tirer ses substances folles et gore.
Le film ne démarre pas tout à fait à vif, sa superposition de lieux qui transite après la découverte de ce couple qui s'embrasse dans un habitacle restreint avant de finir sur un générique noir mais aussi particulier qu'enchanteur donne à cette ouverture une précision à la fois inoubliable mais que l'on relègue à mesure de l'éloignement ...
Viens la première apparition, Coré comme on l'apprendra plus tard se montre belle et déjà on l'imagine assez suave et sauvage. Béatrice Dalle, autant le dire de suite est absolument étincelante dans ce rôle qui est taillé sur mesure pour elle. Les regards, les silences, les étranges endroits avant le visage et le corps ensanglanté ont d'office une aura sur cette élégante et souffreteuse histoire, esthétisé par la main et l'œil de sa cinéaste qui prime la gestuelle aux mots, une approche à faire ressentir les choses à défaut de vouloir les expliqués.
De cette évasion par la destruction et la pulsion, la question d'une force quasi bestiale se pose sur la teneur du rapport à l'autre.
La séquence de cannibalisme intervient en exemple après une une rencontre ou le touché est minutieux, du bouts des doigts, de la langue, un rapport au corps fiévreux mais poétique et franchement beau. La suite tourne à la fureur maniaque, une prédation qui s'achemine dans une esquisse de tableau peint à même le mur, avec le sang de la victime décharné ! La rencontre entre Coré et Shane venant après cet instant vire dans un affrontement entre " espèce " ou la loi du plus fort fait gage de supériorité. L'alpha, ne parviens d'ailleurs plus à contenir ses " désirs ", sa tentative de faire l'amour avec sa compagne s'achemine vers une masturbation dans la salle de bain, ses trajets eux se terminent sur des agressions, couloirs, métro, avant bien sur ce viol et ce meurtre qu'il perpétue sur la femme de chambre qu'il contraint aux mêmes sévices que Coré infligeait à ses proies au préalable. Vincent Gallo possède un jeu d'acteur qui lui aussi à l'instar de Dalle amène une ambiguïté, le trouble du titre certainement.
Trouble Every Day est un film très étrange y compris dans sa narration très lente, son déroulé par saccade enivre et lui confère toutefois une audace autre que formelle sur les évènements et non- évènements raconté ici. J'entend par la que la seule vue de sa caméra se glissant dans les coins et recoins à la fois implicite et explicite donne une radicalité à son geste autre qu'une énième démonstration de style sur un sujet. Claire Denis, dont je découvre à l'instant le travail avec ce long métrage use de froideur, d'une austérité qui rend certes très pénible ces 95 minutes mais parviens à y dissimulé au travers de son interprétation du sens et de la réflexion sur une matière qui l'habite. Son enthousiasme à saisir son recours à la musique à dans cette image une double fonction qui génère d'ailleurs là encor, du trouble.
La violence de ce film est fabriqué dans une " logique " fiévreuse de rendre compte d'une vérité, d'un regard porté sur un phénomène grandissant, aussi marginal soit-il, sont ambiance est aussi pernicieuse dans l'ensemble que dans son intention je crois ... Un très grand film que je souhaite revoir malgré le malaise, pas tout de suite par contre ! Non, plus sérieusement, réjouissons nous que ce cinéma existe.