Vendu par les critiques de la presse comme un véritable chef-d’œuvre, "Trouble every day" est pourtant très loin du coup de maître. Claire Denis, dans une tradition pure et certaine du cinéma d'auteur à la française pour bobos et intellos, signe ce film qui hésite entre gore, psychologie, romance, quête de soi, recherche du désir, et errance, sans parvenir à atteindre son but à aucun des niveaux cités juste à l'instant. Si l'histoire est totalement décousue, c'est surtout parce qu'elle ouvre un nombre incalculable de portes et omet de les refermer. Le courant d'air qui s'en dégage, censé nous perdre (ou nous envouter ???), ne nous embarque pas dans son souffle, si bien que l'on assiste à une succession de scènes bien creuses qui ne mèneront à nulle part. Au bout d'un instant, on frise même l'overdose de cette accumulation de plans sans âme ni relief. On parle ici d'une œuvre à la croisée des chemins de celles de Cronenberg ou Lynch, et bien on en très très très loin ! La psychologie des personnages, complexes et ambiguës, n'est finalement qu'extrêmement terne et très peu poussée, et les dialogues (mon Dieu les dialogues...) sont niais et d'une platitude telle que le scénariste de "Premiers baisers" pourrait les revendiquer sans que l'on se refuse à les lui accorder. La plupart de seconds rôles sont totalement nuls ou abandonnés sans raison à un moment du récit (le personnage de Léo, le médecin noir, est un exemple frappant de ce que j'avance), Béatrice Dalle prouve bien qu'elle est toujours aussi nulle, et quelques moments sont à mourir de rire (la scène de l'incendie restera certainement culte à Nanarland, et celle de l'éjaculation de Vincent Gallo vaut son pesant de cacahuètes !). Souvent dans les films de genre, si l'intrigue, se voulant aussi profonde qu'étrange, laisse un peu à désirer comme ici, on a au moins droit de se rattraper avec un esthétisme et une mise en scène travaillés. Et bien là, ce n'est absolument pas le cas (la qualité de la photographie est d'une horreur extrême, et je ne parlerais pas de celle du cadre...). Alors que je m'attendais à prendre une grosse claque avec ce film qui avait l'air fascinant et original au premier abord, je me suis fait chier (non non, pas ennuyer, fait chier !) comme rarement... Pas de fond, pas de forme, même pas de poésie ou de trucs insoutenables à se mettre sous la dent, bref, une ÉNORME déception ! La morale du film pourrait être "baiser c'est se nourrir de l'autre", et bien je crois que "Trouble every day" s'est bien nourrit de moi !
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