Après « The Good Criminal » et « Le Vétéran », Mark Williams rempile aux côtés de Liam Neeson dans un nouveau rôle sous-mesure et sans contestation. Le résultat est alors triste à observer, de la part d’un comédien qui franchit un cap supplémentaire dans le désintéressement de ses projets d’action, de complots et de kidnappings, qui n’ont rien à défendre, hormis le maigre contexte, censé lancer la machine à série B. Que l’on aime ou non cette proposition de style, celle qui va chercher des sbires à dérouiller, jusqu’à un climax qui se résout en un coup sur la détente ou une pression sur un interrupteur, le personnage de Neeson a souvent captivé par sa présence et sa maturité. Hélas, il faudra rétropédaler assez longtemps ou bien patienter jusqu’à la prochaine intervention musclée pour s’armer d’espoir et ne pas en prendre pour une bonne heure et demie d’ennui ferme.
La crise sanitaire semble avoir considérablement limité certaines approches, limitant l’intrigue à des conflits internes dans une agence gouvernementale, évidemment peu fiable. Travis Block est pourtant toujours en service, prêt à répondre aux besoins d’agents infiltrés compromis, mais c’est également une figure paternelle, absente et maladroite. Pas de quoi désorienté le dernier spectateur venu. Le héros ordinaire en deuil reste crédible, du moins sur le papier, mais la promesse sera de courte durée. Alors que l’on ouvre sur ce sentiment d’une diversion nécessaire pour que la mission soit accomplie, on découvre que la pauvreté du geste est bien plus profonde que l’animosité de suprémacistes blancs, qui brandissent fusils et mitraillettes comme des fourches mal aiguisées. Le montage des courses-poursuites ou des combats rapprochés témoigne d’une mécanique qui ne prend pas la peine de masquer son manque de rigueur.
L’âge du bonhomme pourrait trouver un développement plus conséquent dans un format qui ne semble plus adapté à la condition physique du comédien irlandais. Tout comme lui, le récit ne cesse de s’essouffler, jusqu’à émettre de la buer sur la narration déjà bancale du scandale visé. Cette non-volonté d’incarner le héros va de pair avec le journalisme naïf que l’on croise et qui devrait tenir les clés d’une bombe à retardement. Ici, nous n’aurons que le minuteur dans le visuel, sans l’impact derrière, sans la vivacité que nous sommes en droit de revendiquer. Au lieu de cale, tout n’est que paresse et bourdonnement. Le climax s’achève dans une pataugeoire, ridiculisé à souhait par une chorégraphie incompréhensible, où les balles rebondissent partout dans le mobilier, à qui on en veut énormément il faut croire.
Ce n’est pas l’histoire d’une famille à reconstituer, qui viendra étoffer une partition hésitante ou l’éveil d’une conscience qui apportera réponses et satisfactions au pays des pugilats mécaniques. Nous faisons face à un « Blacklight » dévitalisé, au même titre que le comédien vedette, qui ne souhaite plus rien porter dans une carrière aussi trouble et sans issue. S’il fallait trouver un baroud d’honneur pour l’aider à surmonter davantage les déboires personnels de Neeson, ce film semblerait tout indiqué pour achever cette mauvaise mine, qu’il traîne depuis trop longtemps.