Dans un village de Savoie, un 24 décembre, le baron Roland, absent depuis dix ans, revient dans son château mais cherche à s'isoler de tous. Pendant ce temps, les enfants quittent l'école joyeux, et le curé et son sacristain installent la crèche dans l'église. Mais le vol du diamant qui orne la présentation religieuse entraîne une succession d'évènements, dont le meurtre du Père Noël...
Ah les amis, si c'est pas faire preuve d'abnégation que de regarder cette adaptation, mais qu'est-ce donc ??
On pourrait se dire que grâce aux images, l'intrigue alambiquée du livre serait plus claire, mais non. J'ai toujours autant rien suivi, et ça manque toujours autant d'intérêt. Certes, l'intrigue a été simplifiée en bazardant l'idée Bras d'Or, et surtout en se séparant de Prosper Lepicq, l'intelligent détective clone de Rouletabille. Et de nombreux changements donnent un charme honnête à ce film. Mais on reste quand même loin du livre, et surtout le cliché y est roi.
Tout d'abord, là où Catherine est surnommée la Mère Michel dans le livre et fascine les enfants qui l'aiment beaucoup avec ses histoires de Bras d'Or et autres légendes, un seul et unique personnage en devient deux dans le film, avec une Catherine jouée par Renée Faure (à la tête vraiment trop lisse et au visage mono-expressif) rêveuse, naïve et qui attend bêtement le prince charmant sur son cheval blanc sur fond d'arc-en-ciel brillant (si possible), et une Mère Michel purement stéréotypée qui cherche son chat (bien sûr !) pendant tout le film et passe pour la timbrée de service.
En ce qui concerne la relation qu'entretiennent Roland et Catherine, elle est l'incarnation même du ridicule, mais bon, comme celui-ci ne tue pas, y en a qui en profitent. Et puis Cornusse, pas mal atteint dans sa tête lui aussi, n'est pas photographe mais créateur de globes terrestres artisanaux, un changement toutefois nécessaire pour l'intrigue du film dans son ensemble. Et puis, le baron s'invente avoir la lèpre, allez, pourquoi pas, hein ? Et puis, le coupable du vol du diamant n'est pas le même que dans le livre. Enfin, l'intrigue change de lieu, mais cela a certainement un lien avec l'Histoire avec un grand H.
Quand on surfe sur internet, on se rend compte (non, parce que le regarder comme moi sans aucune recherche préalable, ça oblige à voir la fin du film comme une grosse blague hallucinatoire alors qu'il y aurait peut-être plus derrière) que cette adaptation a été tournée sous l'Occupation, et que peut-être situer l'intrigue en Meurthe-et-Moselle française comme dans le livre, c'était juste pas permis alors qu'à l'époque la Moselle avait été annexée par l'Allemagne. Tout comme la fin, qui serait soit-disant métaphorique sur le sort de la France... (cette dernière interprétation ne me convaincant guère).
Un élément assez énervant en revanche, c'est l'histoire du petit Christian, cloué au lit car il est malade et n'arrive pas à marcher, qui n'a pour but que de faire pleurer dans les chaumières, et ça c'est juste too much. Précisons que le petit Christian, à la toute fin, sait marcher à nouveau grâce au Père Noël. Too much, j'ai dit !!
Les vieux films en noir et blanc, ça passe sans problème. Mais les vieux films en noir et blanc qui réunissent stéréotypes, clichés, cucuisme et miracles ridicules, là on dit non. Par contre, certains dialogues et reparties (intelligentes, drôles, voire même ridicules) ont de quoi faire rire. On retiendra la parole sage du baron Roland qui revient d'une longue absence : J'ai voyagé dans presque tous les pays du monde et j'ai compris qu'on n'est nulle part mieux que chez soi. J'ai appris quatorze langues, je peux parler d'amour et de philosophie dans tous les langages humains. Cet effort accompli, j'ai compris que le plus sage était de se taire., et surtout ce dialogue assez simple mais poilant, pour une fois bien joué et marrant à voir :
Le Père Noël : Quand on est sage avec le papa, on a droit à une locomotive. Quand on est sage avec la maman, on a droit à un bateau. Et quand on est sage avec tout le monde, on a droit à la locomotive, au bateau, à la clarinette...
Le Papa : Hum, mais Père Noël, vous prendrez bien encore un p'tit verre ?
Le Père Noël : Oh non non, la chaleur me monte déjà à la tête. C'est... le four.
Le Papa : Oh, un p'tit verre de mirabelle, vous prendriez froid en sortant !
Le Père Noël : (il boit) Je note donc que le petit René...
Le Papa : Euh Roger, Père Noël.
Le Père Noël : Roger... a été très courageux pendant sa scarlatine.
Le Papa : Pendant sa rougeole.
Le Père Noël : Veuillez m'excuser, tant d'enfants, tant de maladies, je m'y perds. A la bonne vôtre, avant que la chaleur du four me monte à la tête ! (il boit) [...] Alors je veux, pour récompenser le petit Raymond...
Le Papa : Roger.
Le Père Noël : Roger ! Je veux qu'il y ait des jouets plein cette maison ! [...] Allez, je continue ma tournée, moi. Au revoir, Robert !
Le Papa : Roger, Père Noël !
Le Père Noël : Ah, c'est la chaleur du four...
Le Papa : Qu'est-ce que vous diriez alors s'il était allumé !
Tout est bien qui finit bien : la Moselle est revenue à la patrie, et le film scintille à la fin comme le voulait Catherine. Next !
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